Un pays qui se tient sage

David Dufresne

L'histoire

Alors que s'accroissent la colère et le mécontentement devant les injustices sociales, de nombreuses manifestations citoyennes sont l'objet d'une répression de plus en plus violente. « Un pays qui se tient sage » invite des citoyens à approfondir, interroger et confronter leurs points de vue sur l'ordre social et la légitimité de l'usage de la violence par l'Etat.


Documentaire

Sorti

le 30 septembre 2020


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

La Démocratie en question

 

Bien sûr, le réalisateur est de parti pris, il construit un montage à charge contre les violences policières, mais au moins cela change des informations “officielles” des journaux télévisés.
Bien sûr, le film ne changera aucune conscience, les spectateurs potentiels pour ce type de documentaire sont déjà tous à peu près convaincus, et au final il n'y a rien qu'on ne sache déjà, mais cela permet au moins de rafraîchir la mémoire et de (se) rendre compte que les violences policières ne sont pas des cas isolés, loin de là.
Tout ce qu'on a pu voir sur les réseaux sociaux est montré sur grand écran, les assauts inconsidérés, les scènes de guérilla, les tirs à l'aveugle…qui rendent aveugles, les comportements de voyous de la part de ceux qui sont dans la rue pour "faire régner l'ordre"… Et c'est impressionnant. Un déferlement qui par son abondance et par la densité de la violence exercée, semble sortir d'un autre pays ou d'une autre époque…
Ces vidéos tournées dans leur majorité avec des Smartphones, sont projetées à plusieurs personnes, témoins ou acteurs et victimes de ces mêmes scènes, journalistes, reporters, historiens, juristes, chercheurs, philosophes… Ces personnes commentent ces images, en débâtent, échangent leurs réflexions. Ce recul et ces mots posés sur l'émotion sont forcément intéressants, permettent d'aller plus loin, d'essayer de comprendre d'où vient cette violence, comment et pourquoi elle s'abat sur des manifestants.
Mais il y a aussi comme une ébauche d'essai philosophique et historique sur ce qu'est la violence d'état, la brutalité, celle qui est portée en toute conscience par des dépositaires de la force armée légale, commanditée par des représentants du peuple (en tous cas, élus en tant que tels) et exercée contre une partie de ce même peuple. Certains diront, pour protéger une partie du peuple. Certes, mais un choix est fait par ceux qui nous gouvernent, celui de frapper les uns pour protéger les biens des autres. Et encore, ce n'est qu'une interprétation. Qu'est-ce que la démocratie s'il n'y a pas de contestation ? Pourquoi les forces de l'ordre agissent-elles toujours en toute impunité ? (la phrase de Macron estimant que la violence policière est en quelque sorte parfaitement légale et légitime est digne d'un type qui n'a pas sa place en tant que Président de la République d'un pays libre et démocratique) Pourquoi la police, à l'origine liée à la cité, est-elle devenue nationale ? Tant de questions et bien d'autres sont posées, il faudrait sans doute une centaine d'heures pour bien les traiter, et il n'y a pas, ici, de représentants du pouvoir en place (ils ont décliné toutes les invitations, ruinant ainsi le débat en l'esquivant). On assiste alors au développement d'idées, sans antagonisme, sur ce que devrait être une vraie démocratie, et comment la protéger, et pourquoi depuis quelques années il y a comme un glissement, en France, vers un régime plus autoritaire. On a parfois l'impression que les intervenants enfoncent des portes ouvertes ou se situent à un niveau presque abstrait…
Il n'empêche, le film peut agir comme un outil de prise de conscience, comme une compilation d'informations introuvables dans les grands médias et comme un appel à la réflexion sur la Démocratie. C'est déjà ça.

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