Bientôt... le 2 décembre

 

La route
John Hillcoat

 

 

Plus qu'un coup de cœur, c'est d'un coup de poing dont il s'agit. Et c'est à propos du livre de Cormac McCarthy « La route » dont l'adaptation cinéma sort début décembre. Sans doute, le texte le plus noir, le plus désespérant et le plus fort lu depuis longtemps.


Fascinée par les possibles d'un monde post apocalyptique (cf. article sur Virus), j'ai lu et vu beaucoup d'œuvres (il faut d'ailleurs parfois le dire vite, le mot « œuvre » pour certains des textes ou films vus) traitant de ce sujet, depuis Soleil Vert à 2012 (eh oui …) en passant par « Le fléau » et Walking Dead.


Sans beaucoup exagérer, je crois qu'il est possible de dire que tous ces textes sont de douces bluettes comparées à la noirceur du dernier McCarthy. Ce tour de force repose essentiellement sur deux facteurs: le style dans lequel est écrit ce livre, plutôt court, et le postulat de départ: on n'est pas dans le post apocalypse traditionnel, genre juste au moment où tout part en sucette ou un peu après, lorsque les quelques égarés qui ont échappé à la fin du monde essaient de reconstruire ou pas, quelque chose qui ressemblerait à l'humanité. Non, ici, on est franchement après et ce n'est trahir aucun suspens que de dire qu'il n'y a aucun - zéro, zobi, makach, que dalle - espoir à l'horizon... d'ailleurs, il n'y a plus d'horizon non plus. Juste un ciel crasseux et gris qui ne voit plus aucun soleil se lever. La fin du monde a eu lieu et on ne sait pas pourquoi. On pourrait avancer différentes hypothèses distillées ça et là au long du livre pour tenter de comprendre comment, pourquoi, quand, ça a débuté mais ça n'a plus vraiment d'importance, comme somme toute, les deux protagonistes (même pas des héros, juste des protagonistes) n'ont pas vraiment d'importance. Ils ne sont que des morts en sursis.


Et c'est là, le trait le plus flippant du livre, et ce qui le rend difficile à lire au premier abord: les « héros » n'ont pas de nom, leur histoire est racontée d'une manière passive, impersonnelle. L'auteur semble refuser toute empathie alors même que c'est souvent le protagoniste qui s'exprime. Ça fait froid dans le dos et ça met mal à l'aise. Au même temps, ça vous prend aux tripes et vous avez froid avec les deux rescapés, vous êtes dans la boue avec eux, sous ce foutu ciel qui ne s'éclaire jamais, et vous sentez le désespoir qui se dégage et vous étreint. Le père se bat pour sauver son fils, tente de descendre vers le sud, mais on sait que ce n'est qu'un sursis, qu'il n'y aura pas de miracle au final, pas de rédemption. Ils vont mourir et les lambeaux d'humanité qui restaient vont disparaître. Et c'est tout ce qu'on souhaite, parce qu'un monde qui dévore ses enfants, littéralement, n'a pas de futur, pas même de présent en fait.


Alors oui, difficile de dire que c'est un coup de coeur à conseiller, mais j'ai quand même écrit ce petit message parce qu'un livre qui prend aux tripes à ce point c'est rare et précieux. Je l'ai écrit, aussi, à la demande d'Al1, parce que la bande annonce de « La route » ne rend pas, mais alors pas du tout, honneur au livre et à sa force, sa noirceur. Et ça, ça m'énerve, alors que le film n'est même pas encore sorti.


Pour conclure : j'ai lu dans Mad Movies (quoi, y a des gens de plus de 17 ans, une fille en plus, qui lisent ce truc ????) que le film n'a pas grand chose à voir avec la bande annonce et que l'auteur l'aurait « bien aimé ».
Comme quoi, contrairement à ce qu'écrit McCarthy, il resterait un peu d'espoir...

 

Marie A.