D’abord un regret, ce titre. Ce n’est pas le titre original, américain, voulu par Altman. C’est juste une honteuse tentative des distributeurs français de tirer partie de la mort du réalisateur, quelques jours avant la sortie du film, qui n’a absolument pas besoin de cette publicité douteuse pour nous émouvoir.
Si on joue au jeu des comparaisons avec ses oeuvres les plus récentes, on pourrait dire que ce film est encore le portrait d’une vingtaine de personnages, comme dans Short Cuts et Gosford Park, mais qu’il n’a pas l’ampleur de ces deux chefs d’oeuvre, ni leur amertume.
Cependant, c’est encore un délice à tous points de vue, scénario, personnages, lumières, dialogues, ambiance sonore... et bien sûr mise en scène, d’une fluidité reconnaissable entre toutes. Une caméra sans cesse en mouvement, glissante, sensuelle, comme si elle était amoureuse des personnages; elle les couve, les met en valeur, ce regard est comme une personne invitée, le spectateur se retrouve là, au milieu des acteurs, vivant lui aussi cette dernière émission de radio, anachronique, en public, pour des connaisseurs habitués aux facéties discrètes de l’animateur, joué par... lui même ! Et ce Garrison Keillor est un homme étonnant, à la voix de velours, au visage juvénile malgré les années, c’est lui l’âme du film.
Tous les autres, quelques-uns jouant aussi leur propre rôle, ont l’air d’être là depuis toujours, ce qui fait qu’on peut être un peu dérouté au tout début, comme dans tous les films d’Altman, puis peu à peu (en fait assez vite), on apprend qui est qui, les relations entre les différents protagonistes s’éclairent et l’émotion vous prend, subtilement, avec pas grand chose, sans pathos, avec une délicatesse infinie...
Bien que la mort rôde, on pourra reprocher le manque d’acidité, une regard trop chaleureux, une tendresse trop évidente de la part du vieux réalisateur, mais qu’importe, on a l’impression d’être dans un vieux fauteuil en cuir infiniment confortable, la vie de ces gens-là se dévoile, vous les aimez, vous ne pouvez que les aimer, ils sont tellement humains.