Le film est l'adaptation d'un roman touffu (parfois confus), âpre, sombre, de John Le Carré. Selon que le spectateur aura lu ou non le livre, sa vision en sera probablement différente. Ici, ce qui frappe, c'est la profonde maîtrise pour raconter cet incessant va-et-vient entre une histoire d'amour et la dénonciation des malversations de laboratoires pharmaceutiques en Afrique.
Le film, comme le livre, nécessite une attention particulière aux événements, mais le réalisateur parvient à simplifier sans l'affadir l'enquête que mène le héros. Il y a un véritable choix, assumé, dans la mise en valeur de scènes-clés. De ce fait, on s'attache plus aux deux personnages, à leurs rapports amoureux, à l'évolution de leurs sentiments - qui protège l'autre ? - .
Le montage, les couleurs (froides en Europe, chaudes en Afrique), les changements de rythme font qu'il y a une grande unité dans cet improbable mélange de documentaire, aventure, politique internationale, romantisme... C'est au bout du compte d'une grande clarté, alors même que subsistent de nombreuses zones d'ombre. Fernando Meirelles fait basculer cette histoire du côté de la tragédie, d'un bon roman il fait un très beau film. C'est plutôt rare !