Deux heures et demie avec le même personnage, à épouser son point de vue, à suivre sa descente aux enfers, c’est un tout petit peu long, et même étouffant, parfois à la limite de l’asphyxie.
Il semble que le film (et son héroïne) soit partagé entre ciel et terre, entre le divin et l’humain, l’acceptation béate et la douleur insupportable, tout cela montré de façon assez schématique, abstraite malgré la crudité (ainsi que la cruauté) des situations.
Le parcours chaotique de cette femme a de quoi perturber. D’abord pleine de volonté pour se construire un bonheur qui sent le factice après la mort de son mari ; puis désespérée, bouleversée par une autre perte encore plus inacceptable ; puis sauvée temporairement par la foi, de façon incompréhensible tant cette révélation paraît soudaine et basée sur rien ; puis sombrant dans la folie destructrice pour enfin sortir du néant, à l’image de ces mèches de cheveux tombant sur le sol, symbolisant lourdement une renaissance terrienne possible.
Le problème est que l’actrice principale, bien qu’ayant remporté le prix d’interprétation à Cannes, ne parvient pas à emporter le spectateur et on peut rester de marbre face à cette dégringolade. L’image terne, le montage sans imagination, le cadrage banal n’arrangent rien, le film ne décolle jamais, il paraît bien difficile de s’attacher à ce personnage.