Vos commentaires :
Très bon film, émouvant et inattendu sur le chemin d’une boxeuse en herbe qui termine ses jours sur un lit d’hôpital. Son coach Clint, un homme dur, qui se force à limiter ses sentiments …
Pierre L. 14 décembre 2005
Clint (permets-moi de t’appeler Clint, nous nous connaissons depuis que je suis toute petite), j’ai un problème.
En fait, je t’en veux énormément, depuis ton dernier film, et là, de voir Alain porter ton film aux nues, je n’en peux plus, il faut que je te dise le fond de mon coeur.
Tu m’as abandonnée.
En pleine apogée du film, alors que j’étais sonnée par tant de beauté, tant d’émotions parfaitement maîtrisées, tu m’as laissé tomber.
Tes personnages étaient si beaux, si forts, tu les avais filmés avec tant de grâce, leurs paroles brèves, leurs regards, ta voix usée, le sourire d’Hilary Swank, cette lumière, parfois intimiste, parfois cruelle. Tu étais parfait, tu l’es toujours, comment peut-on avoir été un si bel homme et devenir un si beau vieil homme, je te suivais, il y avait de la souffrance, mais aussi tant d’espoir…
OK, tu ne voulais pas de happy end. OK, tu voulais montrer jusqu’où irait l’amour de cet homme pour cette fille, pour sa fille. Tu voulais l’extrême, le non-retour, le coup fatal où le cœur s’arrête de battre. Et mon cœur a raté quelques battements quand tu lui as murmuré « mo cushle, my blood ». Et son regard… Merci Hilary, tu nous as tant donné dans ce film…
Mais vraiment, Clint, pourquoi cet égarement, pourquoi ce passage laborieux dans les hôpitaux, pourquoi imposer cela à tes spectateurs, et à ton actrice. Est-ce que tu ne lui faisais pas assez confiance, elle dont un seul regard nous suffit pour comprendre la détresse absolue.
Je ne te pardonne pas la pantalonnade de la famille Patachon version US, casquettes de Disneyworld, avocat véreux sous le bras. Et alors ? Oui, oui, j’ai bien compris que tu voulais rester le dernier avec elle, le seul, l’unique, celui par qui le salut peut enfin arriver. Mais c’est ridicule, franchement.
Et puis le coup de la jambe qu’il faut lui couper, là, on atteint le grand guignol, je te jure !
Tu t’es arrêté aux détails, tu t’y es attardé, parce que tu voulais qu’on ait tout bien compris, tu ne voulais pas laisser d’ombres, tu voulais « démontrer » le tragique absolu… tout cela pour justifier le geste final.
En fait c’est ça, tu as eu peur de ton geste. C’était peut-être trop dur à assumer pour toi. Tu savais qu’il fallait le faire, mais, si ton personnage y était prêt, toi tu ne l’étais pas tout à fait, une dernière pudeur te retenait. Ou alors tu as eu peur du qu’en-dira-t-on. C’est vrai que tu es américain…
Bon, je comprends, mais je ne pardonne pas.
Ne me fais plus jamais ça…
Et embrasse Hilary pour moi.
Anne K. 30 avril 2006