Le réalisateur choisit dès le départ de montrer les deux points de vue : celui du manipulateur, et celui du manipulé. Le méchant et le gentil. Ce double point de vue, gardé tout le long du film, élimine tout suspense. On sait constamment ce que chacun fait ou va faire, ce que chacun pense, ce que chacun sait de l’autre. De plus, comme on est dans le registre du polar français grand public, on se doute de la fin.
S’il n’y a donc pas de suspense, que reste-t-il ? La mise en scène est efficace mais sans génie, rythmée sans plus, souvent plombée par une musique envahissante. L’ambiance qui cherche à paraître angoissante, un peu froide, n’est franchement pas subtile, on est bien loin de la finesse de Harry un ami qui vous veut du bien, à quoi le film fait parfois penser (de façon nostalgique). Les acteurs font ce qu’on leur demande, Cornillac en rajoute dans son rôle de méchant perturbé, Attal est à peu près crédible dans la peau de ce personnage très terne plongé soudain dans les pires ennuis, un peu moins en révolté contre son propre sort et sauveur de sa famille.
Au final, ce Serpent n’est qu’un minuscule orvet, gonflé aux hormones, paraissant un peu ridicule dans la peau de ce python, ne faisant peur qu’à ceux qui l’ont bien voulu.