Un western sans action ou presque, sans indiens, sans shérif ni histoire d’amour. Juste les derniers jours d’un homme, Jesse James, une légende de l’Ouest, un bandit trop célèbre, révéré et fantasmé.
En parallèle à cette mort annoncée, et forcément liée, la naissance avortée d’un autre mythe, Robert Ford, celui qui tua Jesse James et mit fin à la légende. Les deux destins sont indissociables et tous les deux inscrits dans le sombre, le désespéré.
Comme dans la plupart des western, on peut y voir une parabole de la naissance de l’Amérique moderne.
D’un côté la fin douloureuse de l’esprit aventurier, sans foi ni loi, regardant le nouveau monde comme un paradis souillé, une espérance brisée ; et de l’autre la tentation de prolonger le rêve américain, mais qui se heurte à la réalité des choses, comme le personnage de Robert Ford, partagé entre son admiration pour la légende de Jesse James, et la découverte de la décadence de son idole, terriblement démythifiante.
La mise en scène privilégie la contemplation, la profonde beauté d’une Amérique encore sauvage, mais déjà méfiante et presque déjà terrorisée, comme en témoignent les nombreux plans à travers les vitres, montrant les hommes habillés de sombre arrivant de l’extérieur, faisant planer une menace continue.
C’est au niveau du récit et de l’entremêlement des personnages, particulièrement au début, que le film est moins convaincant : il faut de la concentration pour comprendre qui est qui, parmi les cousins et les frères des deux familles James et Ford, alors même que le rythme, la musique et les images tiennent plutôt de la fascination. La fin est plus épurée, resserrée sur les personnages principaux et le film devient comme un poème morbide, splendide et crépusculaire.