D’une très grande délicatesse et d’une sensibilité prenante, le film présente des personnages à la vie banale en apparence, mais ayant tous des petites histoires, émouvantes, sordides, mélancoliques, drôles, sans cesse en équilibre entre le pathos et l’ennui, mais sans jamais céder ni à l’un, ni à l’autre. Bien sûr, comme le dit le titre, ils attendent tous quelqu’un, ou quelque chose qui fera leur vie plus belle sans savoir vraiment quoi ou qui, mais ils n’en oublient pas de donner des couleurs à leurs espoirs. Jérôme Bonnell compose sa petite musique personnelle, faite de temps d’attente, d’instants suspendus où l’on ressent une grande tendresse envers les personnages, même jusque dans leurs travers. Les acteurs leur donnent une réalité immédiate, Darroussin nous gratifiant de quelques très belles scènes de solitude, à pleurer et rire en même temps.
Le réalisateur semble avoir laissé une grande liberté à ses interprètes, privilégiant les plans séquences d’où surgissent parfois une grâce absolue ou une intimité presque gênante, des regards mille fois plus parlants qu’un long dialogue…
On n’y cherchera pas de poursuites en voiture, ou de révélations bouleversantes sur le passé des personnages (quoique…), mais il y a incontestablement un charme qui se dégage de l’ensemble, comme une douceur du mal de vivre.