C'est le syndrome du Sudoku. Vous connaissez le jeu ? 9 chiffres à placer, dans toutes les directions... Selon la grille proposée, cela peut prendre cinq minutes, ou bien deux heures, comme dans ce film, où il faut tout replacer, prendre en compte toutes les composantes. Les lieux, d'abord : la banque braquée où sont enfermés les otages, la rue devant la banque, le camion Q.G. des flics, le café en face de la banque... Et à l'intérieur même de ces lieux, il y a des subtilités, comme la salle des coffres. Le temps qui s'écoule, ensuite : est-il en faveur des policiers, des braqueurs, des otages ? En apparence, le scénario est bien découpé temporellement : le braquage lui-même, la prise de position des forces en présence - on se dit alors qu'on a déjà vu cela - puis le glissement vers un jeu de stratégie où chacun fait des suppositions - on sait bien, en tant que spectateur, qu'on se fait avoir, mais de quelle manière ? - et puis le dénouement, double, triple, quadruple ?
Enfin, les personnages, troisième composante de ce sudoku géant. Sont-ils exactement ce qu'on imagine ? Si l'on tente de faire des familles, les gentils, les méchants, les ambigus... Non, n'essayez pas. Laissez-vous faire. Ou bien si vous êtes très joueur, faites-le, mais sachez que vous avez face à vous Spike Lee, un stratège très malin, qui vous laisse deviner certaines choses pour mieux vous en cacher d'autres.
Au final, quand le générique déroule, tout est en place, même si on a besoin d'encore un peu de temps pour bien y réfléchir, et vous vous dites, ah oui, d'accord. Et alors ? Joli divertissement, parfaitement bien huilé mais que vous oubliez un peu vite par la suite.