Dans cette nouvelle histoire de Lolita séduisant un homme mûr, c'est la personnalité de l'homme qui dérange la société bien pensante. C'est un amour interdit, moins du fait de la différence d'âge, que par la marginalité -plus subie que voulue- du personnage masculin, joué avec force par Denis Lavant, visage ravagé, sentiments rentrés puis explosant à la face du monde. Isild Le Besco n'est pas en reste, en adolescente insupportable, avec son charme décalé, sa façon étonnante d'occuper tout l'écran, d'attirer toute l'attention. Les partis pris de mise en scène, parfois montrant la réalité d'un camping en été de façon très crue, puis dérivant vers une emphase inattendue, pourraient tirer le film vers une sorte de Dupont Lajoie poétique. Mais l'osmose ne se fait pas, on a l'impression que chacun fait son film de son côté, Denis Lavant fait le marginal rejeté comme il l'a déjà incarné de nombreuses fois, Isild Le Besco répète son rôle de femme-enfant exaspérante mais si touchante... Les réalisateurs ne parviennent pas à faire décoller l'ensemble, à lui donner une unité. C'est très loin d'être nul, il y a de l'ambition, de la passion, mais ce n'est pas un grand film.