N’en déplaise à ses fans les plus assidus, ce boulevard de la mort est un petit Tarantino, mais un Tarantino tout de même, c’est à dire que c’est incontestablement du cinéma, et celui-ci est à double détente.
On sort de la salle en se demandant comment a-t-il pu tomber aussi bas, et puis, réflexion faite, dans les quelques heures qui suivent, puis les jours, le film prend du piquant, et même de la saveur.
A la fois pastiche et hommage aux séries B américaines des années 50, c’est un pur exercice de style en apparence, sans aucun intérêt immédiatement visible du point de vue du scénario.
Le film est clairement séparé en deux parties. La première, nocturne, reprend jusqu’à l’écoeurement les caractéristiques des films de genre, situations, décors, déroulement, et même les rayures sur la copie et les mauvais raccords; la deuxième, de jour, paraît beaucoup plus contemporaine, particulièrement dans les personnages des quatre filles, assez réjouissants, avec une image très nette, des choix d’angles et un montage très pointus, des couleurs éclatantes...
Le tueur, incarné avec humour par Kurt Russel, est le véritable maître de l’action dans la première partie, il symbolise la simplicité brute des films des années 50, inquiétant et drôle à la fois. Puis dans la deuxième partie, presque un deuxième monde, il semble qu’il n’est plus à sa place, les filles prennent le pouvoir, dans l’image et dans le récit. Tarantino filme ce passage de l’une à l’autre avec un plaisir visible, mais il y a quand même comme un regret du temps passé, en refusant les trucages numériques, en présentant une poursuite de voitures à l’ancienne, et pourtant formidablement prenante.
Alors, oui c’est un exercice de style, mais quel style !