Paul Verhoeven a l’habitude de torpiller les idées reçues, et sous une apparence très classique, à l’aide d’une mise en scène conventionnelle, parvient souvent à surprendre.
Ce Black book s’attaque à un mythe, indétrônable, la Résistance. L’histoire met en scène une jeune femme juive, qui doit séduire un officier allemand, et tenter de détourner des renseignements de haute importance. Avec Verhoeven, bien sûr l’Allemand n’est pas forcément le méchant, et les résistants ne sont pas des exemples de droiture et d’engagement. Les deux heures trente réservent bien des surprises, des retournements et révélations capitales.
L’ensemble est tout de même très lourd, les événements se succédant comme les couches d’un mille-feuilles, sans beaucoup de contrastes, avec une émotion forcée, un côté démonstratif appuyé. C’est trop coloré, parfois trop joyeux, comme si la gravité de ce qui se passe n’était pas mesurée. Ainsi l’héroïne se relève toujours de toutes les épreuves qu’elle traverse, indemne physiquement et moralement, ce qui fait qu’on finit par ne plus croire à son personnage.