Troisième film d’Alejandro Gonzalez Inarritu, après Amours chiennes et 21 grammes, et troisième entrelacement d’histoires, de personnages, de destins.
Dans ce Babel, l’éclatement des lieux et des différents récits est poussé à son paroxysme. Mexique, Maroc et Japon sont les théâtres de moments charnières dans les vies des personnages.
Le talent d’Inarritu se confirme, pour sa faculté inimaginable à tisser les fils, à ne jamais perdre le spectateur, à passer d’une intrigue à l’autre sans aucune confusion. On pourra préférer, comme pour ses oeuvres précédentes, un récit plutôt qu’un autre, trouver tel ou tel personnage plus fouillé, il n’empêche que la clarté de ces histoires est indéniable, et que cela s’ajoute à une direction d’acteurs parfaite : aucun ne sur-joue, aucun n’est là pour rafler un oscar ou un prix d’interprétation.
Au rayon des petits reproches, le lien ténu entre la partie japonaise et le reste, un scénario parfois laborieux pour maintenir le foisonnement des points de vue, et surtout (et au final c’est en cela que le film est légèrement en deçà des précédents) un propos peu exploité : Babel ou l’incommunicabilité, le sujet est passionnant mais pas assez traité. On voit les différentes cultures, leurs incompatibilités mutuelles, l’incompréhension qui en découle. On le voit mais ce n’est pas le coeur du film, ou alors de façon trop théorique. L’ensemble est dominé par la mécanique des récits, et tel un engrenage trop bien huilé, finit par tourner un peu dans le vide.