Une étrange esthétique prédomine dans ce film de Zhang Yimou, auteur du très beau “secret des poignards volants” et du plutôt lourd “Hero”. Une esthétique chic et un poil toc. Les couleurs surchargées, l’usage du très grand angle qui déforme les perspectives, le montage saccadé font parfois penser à un jeu vidéo. Superbe, mais complètement artificiel. La reconstitution historique n’est absolument pas crédible, elle participe à un concept, une Chine fantasmée qu’on pourrait situer autant au Xème siècle que dans un futur lointain. Les costumes, les décors, la gestuelle, les énormes scènes de combats stylisés avec des milliers de figurants (numérisés ?), tout semble conçu pour plonger le spectateur dans un autre monde, plus irréel qu’historique.
Le décor planté, comme une interface savamment étudiée, les personnages peuvent entrer en scène, avec leur histoire familiale tragique, qu’on pourrait aisément imaginer à n’importe quelle époque, y compris la nôtre. Le père et ses trois fils, dont l’aîné est issu d’un premier mariage et que sa belle-mère trouve très à son goût, mais qui a une liaison avec la fille du médecin personnel de son père, lequel est marié avec... Bref, les relations entre les personnages sont si complexes que tout cela ne peut que finir mal, d’autant plus que le goût du pouvoir interfère puissamment dans leur histoire.
Au final, et après le carnage inévitable, la lourdeur de l’ensemble pèse sur le spectateur, un peu assommé par l’outrance générale, le manque de finesse et de poésie.