Est-ce un effet de mode ? Toujours est-il que les acteurs français sont de plus en plus nombreux à vouloir réaliser leur propre film. Après Guillaume Canet, Eric Caravaca, Vincent Pérez, Bernard Campan, Jean-Pierre Darroussin… voici Jalil Lespert qui lui aussi tente de passer de l’autre côté de la caméra.

Incontestablement, il a un univers expressif personnel, des idées sur le cinéma. Il semble tout de même qu’il a plus à dire sur la forme que doit prendre son cinéma que sur le fond : l’histoire est réduite à son minimum, on a l’impression de voir des personnages qui se heurtent les uns les autres avec l’espoir que de leurs rencontres surgira un récit.

Dans la façon de mettre en scène ces confrontations, il y a quelque chose à voir avec le jazz : accélérations brutales, ruptures de rythme, monologues joués comme des solos… par contre, les instants de calme ne sont pas très convaincants, manquant de poésie et ne donnant pas le temps de souffler.

Les acteurs donnent l’impression d’improviser, d’être un peu livrés à eux-mêmes : cela donne de très belles scènes (on a rarement vu Magimel avec un jeu aussi contrasté, sans donner dans la crispation) et d’autres un peu pénibles, versant dans l’hystérie pas crédible.

Au final, un premier film intéressant, risqué, et à moitié réussi : avec un scénario digne de ce nom, peut-être aurait-il été plus maîtrisé et plus passionnant, mais peut-être aurait-il été alors moins libre, moins expressif. L’équilibre est difficile à trouver.