Il n'y a pas que le cinéma dans la vie !!!

En thérapie

Série télé créée par Eric Toledano et Olivier Nakache

Dimanche 9 mai 2021

 

 

L'équivalent de huit films…


Il paraît que les séries sont formidables, mieux écrites que les films de cinéma, plus fouillées, haletantes… Il paraît. Je n'en regarde jamais, je préfère le format (en temps et en taille d'écran) du cinéma.


 

Sur quelques conseils, et parce que les acteurs sont attirants, et parce que le sujet est prometteur, j'ai donc regardé le premier épisode de "En thérapie", en libre accès et en replay sur Arte (simple d'accès, gratuit, vive le service public !). Puis le deuxième épisode, et puis les cinq premiers, histoire de voir tous les personnages, et puis finalement tous les épisodes, trente-cinq au total, trente-cinq fois vingt-cinq minutes, ou un peu moins, ou un peu plus. Entre 14 et 15 heures. L'équivalent d'à peu près huit films.
Alors ?

 

Question comédiens, c'est de la dentelle. Les textes sont parfois très écrits et la plupart des interprètes des rôles principaux font passer les tirades avec finesse et naturel. Hormis Carole Bouquet, hiératique, figée, caricaturale, tous les autres sont plutôt étonnants, ils semblent tous habités par leur personnage respectif. Agaçants ou touchants, éteints ou surexcités, en plein doute ou rongés par une fausse assurance, ils sont tous crédibles et forcent l'admiration. Frédéric Pierrot qui joue le psy, est de tous les épisodes : chapeau l'artiste ! Dayan, c'est lui… Du côté des personnages secondaires, c'est beaucoup moins évident. Certains créent une présence tout de suite, d'autres se contentent de poser leur texte sans beaucoup de vie.

 

 

Les réalisateurs se partagent les épisodes, et si Salvadori s'en sort très bien pour rendre compte d'un dispositif somme toute assez monotone (un patient, parfois deux, et le psy, dans un décor quasi unique), Vadepied rame pour varier ses plans, c'est une succession de champs contre-champs bien laborieuse.

 

 

Mais plus que des mises en scène inégales, certains choix de scénarios ont tendance à plomber l'ensemble. D'abord, l'agressivité de la plupart des patients vis à vis du docteur Dayan : pourquoi avoir construit délibérément et systématiquement des personnages remettant en cause le principe de la psychothérapie ? Dans les trois quarts des épisodes, ils partent du cabinet du docteur en colère ou bien décidés à ne pas revenir. Et bien sûr, ils reviennent puisque c'est une série, on sait qu'on les retrouvera quelques jours plus tard.
Parce que c'est une série aussi, il semble que la volonté soit qu'il se passe quelque chose à chaque séance. Une révélation, un conflit, un retournement, pas un épisode ne rend compte du travail de longue haleine qu'est une psychothérapie.
Alors ?

 

 

Alors bien sûr c'est assez prenant, on a plutôt envie d'aller au bout, de savoir comment vont s'en sortir tous ces personnages, mais sans doute a-t-on encore plus envie de savoir comment la série elle-même va s'en sortir sans s'emmêler les pinceaux. Elle s'en sort, honorablement, elle tient par ses excellents acteurs, essentiellement. Mais elle passe à côté de son sujet, la psychothérapie, qui était probablement une fausse bonne idée. L'équivalent temporel de huit films pour dire que la vie, c'est pas facile et que parfois on en meurt, c'est un peu du gâchis, non ? On pourrait citer au moins dix vrais films de deux heures ou un peu moins qui traitent des mêmes thèmes avec une acuité bien supérieure…