Ça
commence exactement comme dans la vie, la vraie, un homme fait irruption
dans une pièce où attend un autre homme. Il se réveille
de sa sieste, il connaît l'autre homme, c'est un ami, il y a
tout de suite de la complicité, c'est joué à
la perfection parce que justement on ne voit pas le jeu, il n'y a
aucune artifice, la relation est vraie, pure, sentie par les deux
comédiens qui sont, tout de suite, là, dès la
première minutes, les deux personnages.
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Il
en viendra cinq autres, tout aussi crédibles, chacun avec ses
particularités, ses névroses, ses joies, ses attentes,
ses illusions perdues ou non, tout bouillonne, respire : il y a autant
de gaité que de mélancolie et pour du Tchekhov, c'est
une vraie surprise.
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Les
relations entre les personnages sont complexes, bien sûr, il
y a des rancœurs familiales, des amitiés lézardées
par le temps, des amours inassouvies, mais aussi du bonheur de partager
un silence, une cuite (mémorable scène entre Vania et
le médecin) ou même une dispute…
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Le
texte a été remanié, éclairci, la mise
en scène est limpide, rythmée, le jeu hors texte des
comédiens enrichit chaque instant (l'employé du domaine,
qui a peu de choses à dire, est d'une présence incroyable)
et le dispositif bi-frontal n'a absolument rien de gratuit, il agrandit
l'espace, rend le décor vivant : tout se passe dans la même
pièce et pourtant, grâce aux déplacements et positionnements
des comédiens, l'impression n'est jamais figée.
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Pas une seconde
d'ennui, le drame et la comédie mêlés, des émotions
constantes, pas de "numéros" d'acteur mais des vraies
relations entre les personnages (enfin des comédiens qui se
regardent, qui s'affrontent, se touchent…), c'est un travail
magnifique, celui d'une troupe qui cherche (et y parvient) à
montrer une situation complexe par des moyens simples, directs, d'une
sincérité rare. Chapeau.
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C'est au théâtre
du Vieux Colombier, à Paris (une annexe de la Comédie
Française) jusqu'au 12 novembre, mais le spectacle sera sans
doute repris plus tard, ou partira en tournée... |