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Deux
Molière cet automne, deux visions du théâtre
radicalement opposées en apparence pour aboutir à
peu près au même ressenti du côté
du spectateur.
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Dom
Juan est montée par Sivadier et sa troupe, la
pièce est en prose et pose des milliers de questions
sur ce qu'est le désir, la relation amoureuse, mais
aussi sur le refus des convenances, des croyances, de l'autorité.
Elle est de toutes les époques, écrite au XVIIème
siècle et bien sûr furieusement d'actualité.
Construite étrangement, elle multiplie les personnages
secondaires, les intrigues, a choqué lors de sa création
au point que certaines scènes ont été
censurées, et choque encore, même maintenant,
par sa radicalité, sa soif de liberté.
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Sivadier
en fait un spectacle qui s'apparente parfois à du
cirque, avec un grand renfort d'effets sonores, de lumières,
n'hésite pas à rajouter quelques moments plus
ou moins improvisés, mais aussi des textes ou des
chansons (Sade, Brassens, Marvin Gaye...). Toutes les entrées
de personnages sont formidables et donnent à espérer
un dépoussiérage en règle de la façon
dont on imagine le mythe. Hélas, cela ne tient pas
plus d'une minute à chaque nouvelle scène.
Les images sont belles, brillantes, percutantes, mais le
texte est débité à la hache, en force,
sans beaucoup de nuances.
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Parfois,
un mot, une expression ressort, les acteurs en font quelque
chose qui donne du sens de façon très éphémère,
puis replongent, on n'entend plus rien et on attend la prochaine
entrée, le prochain effet, le prochain semblant de
provocation. Elvire arrive avec une coiffe d'Indienne, le
père se recouvre le visage de poudre blanche, Monsieur
Dimanche est en costard cravate, Pierrot prend un accent
de nulle part, Don Juan se retrouve à poil... on
pourrait en trouver des dizaines, de ces effets parfois
énormes, toujours fugitifs. Ce n'est pas qu'ils sont
superflus, ils apportent leur dose de divertissement. Mais
derrière, il n'y a rien. Les acteurs ne donnent pas
toujours l'impression de comprendre ce qu'ils disent, on
ne sent pas de direction, de parti pris sur qui sont Don
Juan et tous ceux qui l'entourent. C'est assez beau, mais
creux.
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Les
femmes savantes, en vers, est surtout l'occasion de
retrouver sur scène deux stars, Bacri et Jaoui, entourés
de quelques comédiens plus ou moins connus. C'est
bien leur présence qui fait se presser le public
devant une pièce dont l'universalité est bien
moins évidente que pour Dom Juan ou le
Misanthrope.
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