Il n'y a pas que le cinéma dans la vie !!!

Ça ira (1) fin de Louis

une création théâtrale de Joël Pommerat

Dimanche 16 octobre 2016

 

 

Du chaos viendra la lumière

Le spectacle ne vous donne pas une seule minute, à son entame, pour vous habituer au déluge de paroles, à l'énergie constante, au volume sonore. Il vous cueille là où vous êtes dans votre fauteuil confortable, là où vous en êtes avec votre connaissance de l'histoire de la Révolution Française, là où vous en êtes avec vos propres révolutions esthétiques, artistiques. Il chamboule tout, votre culture historique, votre sens du récit, vos idées sur ce que doit être un spectacle théâtral. Il vous relâche cinq heures plus tard, pauses comprises, forcément un peu différent, les oreilles en coton, l'intelligence en éveil, avec un sacrée envie de comparer la "réalité" officielle, celle des livres d'histoire, avec ce que vous venez de voir.

 

Pommerat fait le choix de situer cette Révolution dans un espace-temps indéfini, prenant un peu (beaucoup) de 1789, un peu de notre vingt-et-unième siècle (cette femme qui ne lâche rien, qui ne se renie pas, n'a-t-elle pas quelque chose de Madame Taubira ?), un peu de nos révoltes de la fin du vingtième siècle, 68 en tête… Il fait aussi le choix de donner la parole à ceux qui n'ont pas laissé leur nom à la postérité. Mis à part Louis, tous les autres sont désignés par des noms fictifs ou qui signalent leur statut, leur rôle dans cette histoire qui fait réfléchir, qui fait sursauter, qui fait rire (parfois, peu, mais sûrement).

 

 

C'est un spectacle âpre, dérangeant, sans concessions, sans effets à la mode (pas de vidéos, pas de voiles cachant les acteurs…) et qui remplit sa mission, redonner un aspect contemporain à une période fondatrice de notre Histoire, montrer que cette Révolution ne s'est pas faite en douceur, qu'elle peut encore tant nous apprendre sur notre société actuelle, que la confiscation des pouvoirs par un petit nombre est le plus souvent catastrophique.

 

 

Pommerat et ses acteurs, au travers de cette revisite d'évènements passés, nous disent, d'une certaine manière, que ce que nous vivons maintenant, en ce début de vingt-et-unième siècle, est par bien des aspects, source d'insurrection, et que les changements profonds de société ne se font pas en respectant les lois telles qu'elles sont, qu'il faut aussi avoir du courage, quelques idées sur ce que l'avenir nous réserve, et surtout, ne pas avoir peur. L'erreur est humaine, nécessaire, mais au bout du compte, nos vies y gagnent.