Il n'y a pas que le cinéma dans la vie !!!

Cyrano de Bergerac, d'Edmond Rostand

Mise en scène : Dominique Pitoiset
Avec Philippe Torreton

Dimanche 1er juin 2014

 

Cyrano sans artifices

Et si Monsieur de Bergerac n'était que le produit des hallucinations d'un homme, de sa folie, de son ennui et de son dégoût pour l'existence ? Ou bien, tout à fait différemment, si au sein d'une maison de fous, ou d'une prison, ou d'un asile de vieux, ou de n'importe quel endroit abritant des exclus de la société des Hommes, les pensionnaires décidaient sans tout à fait le vouloir, sans en être parfaitement conscients, pris dans leur escalade imaginaire, d'inventer un nouveau Cyrano, en gardant les mots, en faisant d'un fer à repasser une arme, de quelques tables une scène, d'un juke-box branlant un orchestre, d'un lit à roulettes un champ de bataille…
Et si on se passait de costumes et de décors… c'est là toute la puissance du théâtre.
Et si… on jouait Cyrano ? Et pourquoi pas, il suffit de presque rien et du talent des acteurs, et de faire confiance aux mots.


Torreton est énorme dans le rôle titre, diction parfaite, présence de tous les instants, nez vivant, énergie communicative, intelligence du texte, une façon de rompre la musique de l'alexandrin en gardant la beauté des formulations, c'est un beau travail, que dis-je, un beau travail, une performance magnifique ! Autour de lui, la distribution est inégale, entre Roxane à la fois lumineuse, espiègle, belle et émouvante… et Le Bret falot, ramant péniblement derrière Cyrano (mais le rôle est ingrat).


Presque trois heures de spectacle, et pas une minute de trop, pas un instant de lassitude, Dominique Pitoiset donne à la pièce une formidable jeunesse, une modernité électrisante, en revisitant les passages obligés, comme cette incroyable scène du balcon, qui peut être si lourde, statique et d'un romantisme éculé et qui ici, par la grâce d'un macbook et d'un écran, prend un aspect complètement contemporain et devient, c'est un prodige, à la fois drôle et émouvante. C'est d'ailleurs tout le charme de cette relecture de l'œuvre, dans son ensemble : parfois poussée jusqu'à la farce, puisqu'on peut imaginer que ce sont des fous qui s'amusent à jouer, la pièce fait passer du rire aux larmes, parfois dans la même minute.


Chapeau, le panache est là, et bien là.

 

Pour réserver... c'est jusqu'au 28 juin 2014 au théâtre de l'Odéon à Paris

 

 

Vos commentaires :

Mouais.
Même pièce, même jour, même rang, même vin... Perception tellement différente!
L'idée est judicieuse. Cyrano, c'est pompier. Des vers assez pompiers, le plus souvent; une sensibilité exacerbée, sans doute une folie incompréhensible aujourd'hui. C'est ça : Cyrano a été amené là par des pompiers ! Et donc on y va, confiant : Torreton, Pitoiset, deux mois à l'Odéon, une belle tournée ... et puis là, hélas, pff.
On ne s'ennuie pas, c'est sûr, Torreton est formidable, sa prothèse ne l'encombre pas, sa voix est claire, mais il fait du Torreton, il nous regarde droit dans les yeux, nous sommes la sottise, les préjugés ...
Pourquoi Pitoiset ne va-t-il pas dans la folie, dans la douleur, dans l'isolement. Le début assure. Le duel est une belle baston rythmée, avec les moyens du bord. Et puis ça s'effiloche. C'est bien joli : les lumières, les costumes, l'utilisation de l'espace. La bande-son est convenue : les Pogues, Elton John (tellement sentimental), les Rolling stones, Edith Piaf et les compagnons de la chanson (tellement "terroir") et bien sûr, Alain Bashung (tellement émouvant). Le siège d'Arras est amputé, le point de vue "asile" ne tiendrait pas une seconde de plus. Ça ne monte pas. Rien ne permet de comprendre le revirement final de Roxanne, infirmière ou folle inassumée. On se moque éperdument de la douleur de Cyrano, de son étrangeté. Il ne peut y avoir d'adhésion. Il est tellement autre, si loin de nous. Il n'y a pas d'émotion, pas de sentiment. On raille seulement. Et c'est dommage.
Mais quel bonheur le spectacle vivant.


Agnès L, le 1er juin 2014

 


C'est un pétard mouillé.
La farce est bien faite. Les longues tirades sont bien exécutées. Les acteurs sont très bons. Cependant le côté tragique de la fin du siège d'Arras n'apparait pas. De plus, le côté dramatique de la mort de Cyrano n'a pas fait pleurer ma vieille mère, et ça, c'est mauvais signe. L'hôpital psychiatrique n'apporte rien, ni à la farce, ni à la tragédie. Ça simplifie peut-être les costumes ? et la tirade de la lune passe inaperçue.


Gabriel P. le 1er juin 2014

 

J'ai dix ans et cette année j'ai vu trois Cyrano de Bergerac. Et celui que j'ai vu hier, c'était le pire.
Cyrano met trois heures à mourir : avec le bout de bois qu'il a pris ça devrait pourtant pas durer. Pourquoi garde-t-il son panache jusqu'au ciel ?
Il n'y avait pas de décor : une porte dans un hôpital !
Les comédiens étaient pas super. Roxanne a un strabisme divergent.
Les seuls trucs que j'ai bien aimés c'est la bagarre du début et la musique de Queen.
Et la glace après était bonne ! J'en ai même repris.


Baptiste P, le 1er juin 2014