Les presque
deux heures passent à toute vitesse, malgré la complexité
des rouages de l'action et les nombreuses explications financières
qui en d'autres circonstances pourraient ennuyer. Impossible de
décrocher, la mise en scène est d'une inventivité
constante, les surprises et les effets se succèdent, jamais
gratuits : lorsque la troupe reprend "Money" des Pink
Floyd, on est en plein dans le sujet; les portes qui peuvent être
aussi des trappes où l'on disparaît, le plateau mouvant,
obligeant les acteurs à des prouesses d'équilibre,
c'est bien le monde où l'on vit, où chacun peut
glisser, se faire éjecter sans ménagements. Drôle,
cruel, ironique, implacable mais aussi capable de quelques moments
de pur romantisme, l'ensemble est un régal. On cherche
vainement ce qui ne va pas, c'est du théâtre moderne
avec pourtant beaucoup de respect pour la tradition et pour le
texte : tout est parfaitement audible, impeccablement articulé,
sans aucune vocifération, sans étalage de tripes
incongru, mais avec des passions vibrantes. C'est du beau travail,
vraiment.
Vu
au théâtre des Abbesses le 11 avril 2014
Probablement
repris en 2015 !