Il n'y a pas que le cinéma dans la vie !!!

Oncle Vania, de Tchekhov

Mise en scène : Eric Lacascade

Samedi 29 mars 2014

 

 

 

Les pièces de Tchekhov, de par leur caractère intemporel, n'ont pas à être dépoussiérées, il n'empêche, la mise en scène de Lacascade pour cet Oncle Vania donne un coup de jeune, une énergie absolument pas évidente à la lecture seule… La balançoire, accessoire semble-t-il indispensable à la scénographie, est métamorphosée en un gigantesque balancier suspendu aux cintres, qui sert autant de table toute en longueur que de passerelle sur laquelle les acteurs prennent de la hauteur et jouent à l'occasion les équilibristes.
L'inclusion dans le texte d'extraits d'une pièce plus ancienne, "L'homme des bois", considérée comme une première version de l'Oncle Vania, permet de donner au spectacle un aspect écologiste avant l'heure, le personnage du docteur se mettant en colère face à la gestion des forêts. Cette étonnante prise de position est de fait très actuelle et renvoie à de multiples autres combats sur l'utilisation des ressources naturelles.
L'ensemble privilégie les passions dévorantes de l'instant, amoureuses ou sociétales, à la nostalgie amère qui semble pourtant dominer dans toute l'œuvre de Tchekhov. L'interprétation dans ce sens est plutôt inégale, avec des présences bien différentes. Alain d’Haeyer, en Vania, n'en impose pas beaucoup malgré une très belle dernière scène, accordéon à l'appui, il paraît tout au long de la pièce un peu terne, surtout par rapport au docteur Astrov, joué tout en nuances par Jérôme Bidaux. Mais celle qui impressionne le plus, c'est bien Millaray Lobos Garcia, en Sonia, tout petit poids plume, légère, virevoltante et intense.
Au final, un Tchekhov décapant, dont on ne décroche jamais, qui paraîtra peut-être déroutant voire choquant pour les spécialistes de l'auteur russe.

(Vu au théâtre de la Ville, en mars 2014, avec un grand merci à E. D. M. )