C'est un spectacle
sans effets, juste un homme seul face au public, sans décors
ou presque, avec un minimum d'accessoires. Même s'il y a
quelques moments drôles, l'humour n'en est pas le fil conducteur,
et l'on sent bien que l'acteur n'est pas là pour aligner
les bons mots. Il ne cherche pas non plus à ce qu'on s'apitoie
sur son sort, il y a de l'auto dérision pour désamorcer
toute compassion. L'auteur et son interprète misent sans
doute sur la tension qui suinte de ce récit pour capter
les spectateurs, parfois très descriptif (par exemple lorsqu'il
tente en vain de monter dans un avion pour Tel Aviv un onze septembre
et qu'il se retrouve face à une employée de l'aéroport
Charles de Gaulle quelque peu...bornée), à d'autres
moments beaucoup plus onirique et partant dans l'imaginaire mais
aussi presque politique, revendicatif, révolté.
Peut-être pourrait-on regretter que l'ensemble reste toujours
relativement sage et n'ose pas la franche provocation ou une folie
dévastatrice, mais en gardant une certaine dignité,
le spectacle finit par toucher, on en sort avec en soi une petite
part du sentiment de la colère vibrante que l'on vient
de voir et d'entendre.