Il n'y a pas que le cinéma dans la vie !!!

À portée de crachat, de Taher Najib

Mise en scène : Laurent Fréchuret, avec Mounir Margoum

Mercredi 26 mars 2014

 

 

Seul en scène avec des mots lourds à porter, c'est d'abord la performance de l'acteur qui impressionne. Ensuite, le texte lui-même offre de nombreuses occasions de rester suspendu au récit à la fois étonnant et attendu d'un Palestinien d'Israël, personnage plein de ressentiment et d'espoir mêlés, qui a décidé de transformer son sentiment d'oppression et la colère qui en découle non pas en crachats comme cela est évoqué dans la saisissante scène d'ouverture, mais en mots sur une scène. Le personnage est un acteur et bien sûr le texte est très autobiographique. Il y a ainsi une certaine poésie dans le déferlement de la parole. Le discours, malgré tout l'effroi qu'il peut susciter au travers de l'effroyable humanité que le personnage côtoie, est plein de finesse, de nuances.

 

 

C'est un spectacle sans effets, juste un homme seul face au public, sans décors ou presque, avec un minimum d'accessoires. Même s'il y a quelques moments drôles, l'humour n'en est pas le fil conducteur, et l'on sent bien que l'acteur n'est pas là pour aligner les bons mots. Il ne cherche pas non plus à ce qu'on s'apitoie sur son sort, il y a de l'auto dérision pour désamorcer toute compassion. L'auteur et son interprète misent sans doute sur la tension qui suinte de ce récit pour capter les spectateurs, parfois très descriptif (par exemple lorsqu'il tente en vain de monter dans un avion pour Tel Aviv un onze septembre et qu'il se retrouve face à une employée de l'aéroport Charles de Gaulle quelque peu...bornée), à d'autres moments beaucoup plus onirique et partant dans l'imaginaire mais aussi presque politique, revendicatif, révolté. Peut-être pourrait-on regretter que l'ensemble reste toujours relativement sage et n'ose pas la franche provocation ou une folie dévastatrice, mais en gardant une certaine dignité, le spectacle finit par toucher, on en sort avec en soi une petite part du sentiment de la colère vibrante que l'on vient de voir et d'entendre.