Il n'y a pas que le cinéma dans la vie !!!

Macbeth

Mise en scène : Anne-Laure Liégeois

Mardi 25 février 2014

 

 

Après Alceste à bicyclette, Macbeth à poil !
Au propre, et au figuré.

Je fais du théâtre, enfin j'essaye, ceux qui suivent un peu le savent, et d'octobre 2013 à janvier 2014, nous avons posé Macbeth sur la table pour en tirer une esquisse de spectacle, prétexte à un travail sur le jeu des sentiments, des impressions profondes, le pourquoi du comment et le comment du pourquoi faire ressentir à l'extérieur ce qui nous arrive à l'intérieur, ou pas.
Nous en avons donné une version courte, avec épées en plastiques, boucliers en carton, rôles partagés (5 Macbeth différents...), mais intensité affichée, en tous cas voulue.

Ce Macbeth à Malakoff nous tendait les bras, on allait pouvoir se voir, d'une certaine façon, presque jouer la tentation des comparaisons. On s'est donc retrouvés à plusieurs, au premier rang, excités comme des puces. Le travail était encore tout frais, attention les acteurs, si vous êtes mauvais, on monte sur scène ! Bien sûr, ça n'est pas arrivé...

 

Oh, le plaisir ! D'abord (je parle pour moi), l'impression qu'on est pas si loin que ça de leur interprétation. Ce sont des acteurs professionnels, il n'empêche, ce qu'ils font n'est pas mille fois mieux que nous, et même, là, sur ce premier monologue, ressent-il vraiment ce qu'il dit ? N'avait-on pas un peu plus d'intensité ?
Et puis l'instant d'après, non, cette impression est balayée, c'est très fort ce qu'il fait, la comparaison n'est pas de mise, restons sur nos sièges !

 

Pendant les presque trois heures de spectacle, pas une minute de relâchement, pas un instant à penser à autre chose... Shakespeare, c'est parfois ardu à suivre, ça réclame de l'attention pour saisir toutes les subtilités de l'histoire, les agissements des personnages... et on peut alors décrocher. Là, c'est limpide, le récit, on le connaît pas cœur, et les relations entre les personnages n'ont aucun secret pour nous. Ça aide, on peut se concentrer sur autre chose, sur la manière de jouer telle action qui nous avait parue ambiguë à la lecture, entendre une réplique qui nous avait semblée anodine exploser de sens, surprendre un regard lourd de sous-entendus, ah, chapeau l'acteur...

 

Bien sûr, on peut ne pas être d'accord avec tout, trouver que les trois sorcières entièrement nues, c'est un non-sens, que Malcolm en premier de la classe puant d'arrogance juvénile, c'est un peu "too much", que le banquet manque de prestance, que Lady Macbeth est à la limite de la vulgarité, que le roi dévêtu et couvert de boue, ça ne s'imposait pas forcément, on peut tout remettre en cause, ou pas, et puis finalement, tout cela est absolument passionnant, il n'y pas une seule façon de jouer la pièce, et heureusement. On pourrait voir une autre version, et puis encore une autre, ce serait toujours intéressant : l'avoir travaillée nous donne certaines clés, certains axes d'analyse que d'autres n'ont pas, bien sûr.

 

Une version cinématographique s'annonce, avec notre Marion nationale en Lady Macbeth, sûr que je serai parmi les premiers spectateurs, à guetter les nuances, les partis-pris, de la couleur des éclairages à la folie du roi lorsqu'il comprend qu'il va mourir.
C'est quand même un sacré bonheur, de se glisser dans la peau et l'esprit de personnages, d'entrer à ce point dans leur intimité...


Macbeth ! à poil !

 

 

 

 

Le spectacle d'Anne-Laure Liégeois est en tournée, suivez-le, découvrez aussi sur le site de sa compagnie une vidéo qui vous donnera une idée du bruit et de la fureur de sa mise en scène...
Et celle de Viviane ? Celle de notre metteuse en scène à nous ? Top secret, tout est dans nos têtes, dans nos mémoires et aussi dans celles de quelques rares spectateurs privilégiés...