Il n'y a pas que le cinéma dans la vie !!!

Une heure de tranquillité

de Florian Zeller, avec Fabrice Luchini

Mercredi 25 décembre 2013

 

Fabrice Luchini est une bête de scène. Il pourrait être rock star, homme politique réputé pour ses discours, boxeur flamboyant (là, il lui faudrait d'autres aptitudes), il a choisi acteur. Il est véritablement incroyable, avec une énergie intarissable, un sens de le répartie qui renvoie son interlocuteur dans les cordes, une ironie colérique qui ne se prend jamais tout à fait au sérieux. Nul besoin de rentrer dans la peau d'un personnage, il est lui-même tous les personnages qu'il incarne. Et puis que ce soit au cinéma ou au théâtre, on va voir et écouter Luchini bien plus que l'auteur du film ou de la pièce, il pourrait réciter le bottin, ce serait tout de même drôle et passionnant.
Dans la pièce de Florian Zeller, il est un quinquagénaire ou sexagénaire qui a besoin de se retrouver seul un petit moment pour écouter un disque qu'il vient d'acheter. Bien sûr, il sera dérangé par sa femme qui a quelque chose à lui dire (en fait, plusieurs), son fils qui fait du hard-rock très destroy et paraît en révolte contre le monde entier, sa maîtresse qui est aussi la meilleure amie de sa femme, le voisin à tendances homos, son meilleur ami qui a aussi quelque chose à lui dire, le plombier (polonais)… Bref, tous les archétypes d'une pièce de boulevard pas très finaude. Et effectivement, l'œuvre de Florian Zeller a beau flirter avec une étude de mœurs proche de ce que fait Yasmina Reza, elle ne s'élève jamais. Ce doit être un plaisir d'incarner ce misanthrope moderne, on imagine Bacri le jouer aisément, sans avoir besoin de forcer le trait. Luchini est parfait dans le rôle, il en fait des tonnes, en rajoute encore et le public est ravi. Ça tourne assez vite au one man show, ses partenaires n'étant que des faire-valoir… On les plaint, ces acteurs passés à la moulinette Luchinienne, qui sont au mieux juste passables (la femme, le voisin), au pire très mauvais (le fils, le meilleur ami) et pour les autres transparents (l'amante, le plombier). Mais ils ne peuvent rien faire face à la tempête.
Luchini se permet même quelques apartés au public qui n'ont rien à voir avec la pièce, le public est hilare. Il est venu voir l'Acteur, le Monstre, il en a pour son argent, il repart content.
L'ensemble est tout de même un peu court, Luchini en donne suffisamment pour qu'on ne se sente pas floué, mais il y a de sa part un petit manque de respect pour ses partenaires qui empêche qu'on soit complètement séduit. Et puis, après ou avant Céline, La Fontaine ou d'autres auteurs qui font de la véritable littérature, c'est une grande facilité de dire ce texte qui enfonce les portes ouvertes et n'apporte pas grand-chose à la vision de nos contemporains.