Il n'y a pas que le cinéma dans la vie !!!

Un dimanche soir après le théâtre...

Mardi 18 juin 2013

 

 

C'est un dimanche soir, je m'endors avec des phrases dans la tête…
"si tu refais une entrée comme celle-là, je te nomme dieu des libellules !" C'est Zeus qui parle, il s'adresse à Poséidon, Poséi pour les intimes.
"moi je n'ai pas de préférence, je vous trouve tous aussi ignobles les uns que les autres…" Pénélope s'adressant à ses prétendants…
"Ne méprise pas les hommes, sublime crétin, car sans eux, vous n'êtes pas grand-chose, vous les dieux !", là c'est Ulysse qui défie Poséidon. Pourtant, il ne devrait pas…


 

C'est un dimanche soir, et c'est fini, trois fois sur scène à braver les éléments, à tenter de revenir à Ithaque retrouver ma Pénélope et chaque fois, après y être arrivé, tué par un brigand, qui pourrait être mon fils… Non, pas Télémaque, un autre. Un autre inventé par Ribes, ou bien par nous… d'ailleurs chaque soir il a changé de nom. Télégonos, puis Antigonos, et enfin Polygonos… Polygonos, c'est peut-être pour se rappeler de son rôle principal, Politès. Politès qui est resté chez Calypso, me déclarant qu'il avait trouvé son Ithaque avant Ithaque…
Comment ça vous n'y comprenez rien ? Ah, oui, vous n'avez pas joué dans la pièce, vous ne l'avez pas vue non plus, je comprends, c'est un peu confus…

 

La dernière fois où j'étais monté sur les planches, c'était au siècle dernier, je n'avais pas trente ans, loin de là, peut-être même pas vingt-cinq, sûrement pas, d'ailleurs. Et là, en trois représentations, j'ai tout retrouvé, les sensations, le plaisir de sentir le public pas loin, suspendu, attentif… et puis les coulisses, les clins d'œil entre nous, les encouragements, les interrogations "on en est où, là ? c'est la scène 5 ou la 6 ?", les "merde merde merde, il est où ce putain de baluchon, je ne peux pas rentrer sans mon baluchon... tant pis, vas-y, on s'en fout de ce baluchon", et puis aussi les "y sont mous, ce soir, non ? Non, ça va venir, ils écoutent, ils savourent…"

 

Sur scène, les variations des intonations, les différences de regards, les trous de texte que l'on comble avec quelques mots qui font l'affaire et le public n'a rien vu, les petits plaisirs qu'on se fait, tiens cette réplique, hier, elle n'avait pas fait rire, et là, si… et là, cette émotion, sur ce mot, ce battement de cils, ce frémissement, cette peau qu'on frôle ou que l'on étreint…
Et puis toutes ces personnes, ces belles personnes qui ne se connaissaient pas il y a un an, et ce dimanche soir, ça me fout le cafard de ne pas les voir, de ne plus les voir, de ne plus les entendre.
On s'appelle par nos noms de personnages, on se sent chez nous dans ce café pas terrible mais qui sert à boire et à manger quand on sort de scène, on y refait la pièce, et un peu le monde au passage, on s'embrasse comme du bon pain, comme des amis de toujours, c'est incroyable le théâtre ce que ça fait naître, la solidarité, l'impression qu'on ne peut rien faire sans les autres et que c'est réciproque, sur une réplique loupée, sur un geste mal venu, tout l'effet s'écroule… Ah bien sûr, nous ne sommes pas de grands acteurs, nous faisons selon nos moyens, mais j'ai l'impression que tout le monde se donne, pour qu'au final ce soit le plus beau et le plus expressif possible.

 

Alors, merci à Viviane, Patrick et Guillaume qui nous ont supportés et détestés parfois peut-être, mais qui y ont quand même cru, qui nous ont mis en scène, dans nos personnages, qui ont tiré de nous des choses insoupçonnables… (et il faut dire qu'il y a encore un mois, il y avait de quoi douter !)
Et merci à Laurent, Safaa, Laura, Julien, Claude, Jurek, Charles, Aurore, Marie, Samuel, Leïla, Olivier, Rémi, Alexia, Chantal, d'avoir partagé ces beaux, ces très beaux moments…

 

Et un grand merci au p'tit Quinquin pour les photos...