Il n'y a pas que le cinéma dans la vie !!!

L'Or du Rhin à l'Opéra Bastille

Mercredi 13 février 2013

L'Opéra, ce n'est pas comme au cinéma, et c'est pire que la peinture.
Je veux dire qu'avec la peinture, je n'y connais rien mais je vais voir au moins une exposition par an, parfois plus… De ma vie entière, je suis allé trois fois à l'Opéra. C'est dire si je n'y connais vraiment rien. Et la dernière, pas plus tard que ce dimanche, le 10 février. Quand j'y pense, et si je fais le compte un peu rapidement, j'ai dû aller au cinéma à peu près dix mille fois plus qu'à l'Opéra (si, si, environ cent films par an depuis trente ans…)
Ce spectacle-ci, j'ai la chance d'en profiter grâce à ma sœur et son amoureux, qui avaient des places, et ne pouvaient y aller. C'est bête, hein ? Un grand merci à eux, c'est juste quelque chose d'exceptionnel. Ils ne se rendent pas vraiment compte de ce que ça me fait. Du coup, j'ai proposé au Tiquinquin (une amie musicienne), et nous voilà partis…


L'Opéra, ce n'est pas comme au cinéma, on s'habille un peu pour y aller, on a envie d'être un peu beau, pas seulement pour l'endroit et les conventions, mais aussi pour soi-même… Mais bon, j'en ai vu, des spectateurs en jeans et gros pull, pfff, tout se perd et même les traditions, ah là là, quelle affaire…


L'Opéra, ce n'est pas comme au cinéma, il vaut mieux connaître un peu l'histoire, pour se détacher des sur-titres et goûter à tout, la musique, les costumes, les voix, la profondeur de la scène, les décors, l'émotion qui vous gagne… et puis c'est long, il fait chaud, c'est l'après-midi, les fauteuils sont confortables, on pique donc du nez de temps à autre, quand on reprend ses esprits c'est pas mal de savoir où on en est…


L'Opéra, ce n'est pas comme au cinéma et au passage on peut se demander comment est-ce possible qu'avec de tels tarifs (oh, purée de pois, pour une place, c'est carrément plus que mon budget de la semaine !), il y ait plus de deux mille personnes à chaque représentation. La crise ne touche pas tout le monde de la même façon. D'ailleurs, à la sortie, lorsque vous tenez la porte pour celui qui est derrière, il ne dit pas merci, il ne saisit même pas la porte pour celui qui vient derrière, sans doute tellement habitué à ce qu'on le serve…


Non, l'Opéra, ce n'est vraiment pas comme au cinéma. A la fin, lorsque le rideau se ferme et que les chanteurs viennent saluer, il y a une émotion terrible, tous ces gens investis dans la même œuvre font dresser les poils. C'est du spectacle total qui éveille tous les sens. On a la gorge nouée, peut-être est-ce parce que l'on sait que l'on n'y reviendra pas avant plusieurs années… trois messieurs juste derrière n'avaient d'ailleurs pas la même émotion et pensaient à voix haute et forte (dans le genre, il faut que le monde entier sache ce que l'on dit…) juste après les applaudissements qu'ils ne voyaient pas l'intérêt d'une telle production, qui ne leur avait rien apporté par rapport à la précédente, et que ceci et que cela… bande d'abrutis. Si vous n'avez pas envie de venir, laissez-nous vos places, au Tiquinquin et moi, nous ne saurons sans doute pas apprécier le spectacle à sa juste valeur, mais nous en serons éblouis, émus, comblés. Et d'ailleurs, non, gardez-les, vos places, messieurs, peut-être à trop y aller on deviendrait comme vous, blasés et cons à la fois (parce que beaux, non, faut pas rêver…)

 

 

Alors, cet opéra ? Pas comme au cinéma, d'accord, mais encore ?
Oui. L'Or du Rhin, donc.
L'histoire, c'est un peu le Seigneur des anneaux en (presque) plus simple. Des affaires de domination du Monde entre humains, dieux et autres créatures, grâce à un anneau forgé par des nains (les fameux Nibelungens !)
La musique, c'est Wagner, c'est à dire pas tout à fait léger. Un sacré boulot orchestral, pas une seule pause en deux heures et demie, des envolées incroyables, pas d'air célèbre qu'on fredonnerait en sortant, mais une continuité qui colle au texte, une ambiance à la fois grave et féerique…

 

 

Les chanteurs sont tous tip-top, on peut toujours dire qu'on a préféré Machin à Truc et Bidulette à sa copine, franchement ils ont tous des voix à tomber. Celle qui impressionne le plus n'a que cinq minutes de présence, c'est Qiu Lin Zhang (Erda), une contre-alto qui vous glace le sang, elle est grandiose.

 

 

Et les décors, les costumes, les effets de mise en scène, ça n'est pas Star Wars, mais ça n'est pas non plus "la dame de chez Maxim" dans la salle polyvalente de Trifouillis les Oies.
Les mains rouges du début qui symbolisent l'eau du Rhin, le jeu de miroirs qui montre la scène vue de haut, l'énorme ballon doré, tout ça est formidable. En revanche, les géants en agents du GIGN et le monde des dieux sur une échelle de sécurité ne font pas vraiment pas légende, mais tout ne peut pas être parfait…

 

 

Au final, l'Opéra, globalement ça le fait grave, c'est de l'émotion à foison, j'adore…
Dis, le Tiquinquin, c'est quand qu'on y retourne ?