Décembre 2010

 

We Are Four Lions

Chris Morris

 

La question est, bien sûr, peut-on rire de tout ? puisque évidemment au cinéma on ne rit pas entre soi (allusion non déguisée à l'aphorisme de Desproges : on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui). Une partie de la réponse ne tient-elle pas à la qualité de l’humour ?
Cinq islamistes s’embarquent pour le djihad.
Nous sommes dans le nord de l’Angleterre, aussi gaie que dans Billy Elliot, mais étonnamment bucolique. Nos compères bas de plafond, ont un accent pakistano-british à couper au couteau « Bro », des voitures chancelantes et un sens de l’absurde désopilant. Comme le montre la bande annonce, pour être floutés sur les bandes vidéo de télésurveillance, et donc ne pas être reconnus, ils secouent la tête dans la rue ! Même les plus brillants d’entre eux sont renvoyés vers la perfide Albion pour incompétence, après un stage catastrophique dans un camp d’entraînement au Pakistan. La croisade se déroulera donc sur le sol britannique. Et le rire se fige dans le dernier tiers du film : le sort tombe sur le plus simple d’entre eux. Reste donc Four Lions. Et l’on découvre que le réalisateur choisit que les plus aimables, la femme de l’un d’entre eux, sont aussi frappés que les plus tarés avérés. Il n’est donc plus question de simple satire burlesque. La fin n’est pas univoque : on tremblerait, ou presque, pour les stricts barbus orthodoxes sectaires. Les services secrets britanniques sont également salement assaisonnés.
Une excellente comédie, sur un sujet tabou, menée rondement, où même à 13 ans, on conclut que ce monde est rempli de dingues et que l’on peut choisir d’en rire.

Agnès L, le 30 décembre 2010