Mai 2019

 

Tremblements
Jayro Bustamante

 

Petite bafouille sur Tremblements car il se peut que ton anticléricalisme t’empêche d’aller voir ce film, même si je ne peux que t’y inviter.
Alors là, on est à 1000 lieues des crevettes pailletées ! malgré un sujet commun, l’homosexualité. Ici c’est du lourd, du très lourd, les crevettes à côté c’était juste lourdingue.
Je ne connais rien du Guatemala, mais cette église chrétienne (protestante ? il est question de pasteur) relève autant, de mon point de vue, de l’exotisme, de la secte que de l’hystérie collective et sa volonté impitoyable d’arriver à ses fins. Ces gens riches lavent leur linge sale en famille et sans tabous, par la prière, voire la transe ; avec cette foi inébranlable en ce que doit être le bonheur familial et ses règles.
Ce qui m’a impressionnée est l’obstination qu’ont les proches de Pablo à vouloir absolument récupérer leur brebis de fils égarée. Il y a de l’amour mais autre chose aussi, l’impossibilité de ce qui arrive, l’incompréhension, la certitude qu’il s’est fourvoyé, la peur de la honte. Afin de ne pas divulgacher, je tairai si l’opiniâtreté de ces gens finit par être récompensée ou non. Une scène incroyable, quand la mère de Pablo va se faire masser par Francisco, l’amant de son fils, magnifique personnage, afin de lui parler, de comprendre, de le dissuader de poursuivre cette errance, cette erreur. Ce qu’il ose lui dire semble trouver écho en elle, mais elle ne trouve rien à y répondre, et c’est un peu excessif dans la façon de le filmer. Doute-t-elle ou ne comprend-elle pas ? Une autre scène aussi, la scène finale où la petite fille regarde son père, intelligente elle comprend beaucoup de choses, et c’est peut-être la seule personne de sa famille qui le regarde comme il est depuis le début.
Je ne sais pas si c’est un bon film, je ne sais pas observer d’un point de vue critique et cinématographique. C’est un film terrible, éprouvant et très fort. Ce qui m’étonne est l’amour des uns pour les autres, le rejet n’est jamais total, mais le pire se cache dans la tyrannie de cette absence de doute qui interdit à l’individu de faire trembler le collectif. Et comme le dit Francisco, personne n’a jamais dit que ce serait facile d’être homosexuel (au Guatemala). Il est sans doute le personnage le plus intelligent du film, celui qui a souffert et qui sait être léger. Heureusement pour nous !
Et si quelqu’un sait traduire la dédicace à Pablo du réalisateur dans le générique de fin…

KDB, le 11 mai 2019