Août 2012

 

Superstar
Xavier Giannoli

 

Au départ, c'est le réalisateur qui m'a fait choisir d'aller voir ce film (et, j'avoue, je croyais avoir lu que Mathieu Amalric avait un rôle) A l'arrivée, une critique de la télé "réalité", du public à la recherche de d'émotions téléguidées, du mode de fonctionnement des émissions. Rien de bien nouveau de ce côté. Kad Merad joue bien ce rôle de paumé, le personnage du travesti est touchant mais attendu, le rôle de Cécile de France est difficilement crédible. Quelques bonnes répliques, des moments drôles, mais un peu léger au niveau du scénario.
Je n'ai pas retrouvé la finesse qu'il y avait dans "à l'origine" (et j'ai attendu en vain l'apparition d'Amalric !!).


Irène D

 

"Les films français sont tous bêtes et sans aucune saveur", disent certains. "Ils ne font que retranscrire le quotidien des gens", diraient d’autres. "Ils ne sont pas tous comme ça", répondrait l’auteur de cette critique, Superstar notamment. La célébrité. Des films qui en parlent, on en a pourtant fait plein, mais aucun de cette manière, aucun qui ne sache caractériser au mieux le côté délirant de la chose, qui ne s’intéresse aussi délicatement à ses conséquences sur la personnalité humaine. Xavier Giannoli, inconnu pour la plupart, décide d’analyser ses dérives comportementales et de dresser le portrait "de l’homme qui ne voulait pas être célèbre". Sans véritable introduction, le spectateur se voit plongé dans l’histoire sans concertation, incarcéré dans les faits qu’il ne comprend pas, à la manière de Martin Kazinski, principal protagoniste de l’histoire. Les dialogues restent basiques, le scénario ne tombe jamais dans le complexe, tout ceci pour amener le spectateur à se poser les questions les plus minimes : "qui est-il ?", "pourquoi lui ?", comment est-ce arrivé ?". Questions qui ne trouvent d’ailleurs que réponses approximatives et infondées. Prenant petit à petit une ampleur exponentielle, accompagnée de conséquences à effet boules de neige, l’histoire de ce Monsieur-Tout-le-Monde devenu l’illustre Martin Kazinski atteint alors le mélodrame, l’émotion, la compassion, à tel point que le héros passe rapidement et inexplicablement de la star à la victime. Tout est fait pour que l’embrouille soit omniprésente, à travers tous ses personnages, dont on ne sait jamais ce qu’ils pensent, s’ils sont bons ou mauvais. Cette satire de la société actuelle, dénonçant les méthodes peu conventionnelles des médias et leur emprise sur notre mode de pensée, condensée à écouter tout ce que l’on voit sans jamais prendre le temps de relativiser et d’y voir un quelconque complot commercialo-médiatique, s’attaque d’ailleurs à tous les médias, tant la presse audiovisuelle, que les réseaux sociaux voire les sites de vidéos en streaming. L’atteinte à la vie privée, véritable moteur de cette production, encensée par une remarquable performance d’un Kad Merad créateur d’émotion, se pose alors comme véritable problème de nos jours. On regrettera toutefois le manque de profondeur de Martin, qui comme le souligne l’un de ses interlocuteurs, ne se rebelle jamais et se laisse faire, préfère se morfondre et comprendre que crier et tirer. Quoi qu’il en soit, le film ne reste, certes, pas passionnant de tout son long, mais a au moins le mérite, et c’est là sa réelle objectivité, de nous exposer de simples faits, à nous maintenant d’en tirer les conclusions. Pour ma part, j’emprunterais la célèbre réplique de George Abitbol dans La Classe Américaine, "Monde de merde"…

Matthieu H