Octobre 2012

 

Looper
Rian Johnson

 

Jusque-là, 2012 ne fut pas au cœur de l’affrontement tant espéré de métrages pour s’approprier le titre de film de l’année. Certains sortirent du lot (The Dark Knight Rises, The Amazing Spider-Man, Moonrise Kingdom) mais aucun ne parvint encore à créer la surprise et à saisir l’instant de gloire pour perdurer éternellement (Inception, Drive). Fin d’année, sort sur les écrans Looper, production relativement médiatisée qui espère se faire justice et ramener la science-fiction sur le devant de la scène. En dépit d’un début fort prometteur, la déception est à nouveau de mise. Début fort prometteur, oui, pour l’éloquence de ses scènes et la perspicacité du réalisateur à sortir du lot de ceux qui ne tentent rien. Sous les traits de Joe, correctement interprété par un Joseph Gordon-Levitt qui prend de l’ampleur dans un Hollywood corrompu par l’argent, Rian Johnson met en place son récit de manière traditionnelle mais efficace. Le narrateur nous explique la conjoncture, la violence visuelle de certains plans nous rappellent que l’audace est encore de mise, le mix entraînant des airs nous place au cœur de l’ambiance palpable qui se dessine. Un environnement sérieux qui peut à lui seul déterminer de la cadence qui va suivre. Oui mais voilà, comme souvent, le rythme se perd rapidement et le scénario s’enfonce inexorablement vers les abysses théâtrales d’un sous-genre que l’on connaît trop bien maintenant : le blockbuster qui se dit novateur mais qui ne l’est pas. Passé la demi-heure, qui constituait « la promesse », « le tour » s’avère bien fade pour ne laisser un « prestige » qu’imparfait. Ainsi, non seulement Bruce Willis prouve qu’il a tout intérêt à ralentir la cadence de son emploi du temps, mais Emily Blunt apparaît également comme le boulet du film, victime d’un scénario qui s’étire de trop et de quelques monologues des plus barbants. L’efficacité de quelques scènes de fin, empruntées pour le coup à un certain film des frères Wachowski, ne viendra pas sauver le récit, déjà trop embourbé dans ses mauvais choix précédents. C’est donc devant le générique de fin que le spectateur, lassé des promesses non tenues, pourra alors constater avec désillusion qu’il s’est laissé berné une fois de plus, le coche étant « loupé ».

Matthieu H