Avril 2016
Les habitants
Raymond Depardon
Mais qu'a-t-il-voulu
faire le grand Depardon ? Quelles intentions ? Quels critères pour
choisir les "habitants" ? Pourquoi eux ? Qui accepte de se faire
filmer ainsi, pourquoi ?
On ne le sait pas et c'est très gênant.
Très gênant aussi de se sentir voyeur. On est mis en situation
de témoin caché de discussions, parfois très intimes,
souvent pas intéressantes. Il n'y a pas de début, pas de
fin, pas de contextualisation, pas de clés pour comprendre la complexité
de telle ou telle situation, pas de temps ni assez de matière pour
en faire un objet de réflexion, ni même pour s'émouvoir
(sauf à une ou deux occasions) ; les gens ne nous regardent pas,
il ne s'adressent pas à nous. C'est un zapping. Des "brèves
de comptoir" pas drôles, inabouties, pleine d'amertume.
Et puis, quelle misère !
Ce n'est pas un jugement de valeur, mais ces bribes de discussions sont
terribles : problèmes d'argent, problèmes d'amour, problèmes
d'égo, ...
Les rapports à l'autre et à la société sont
(souvent) d'une grande pauvreté.
Les rapports femmes/hommes sont (presque) uniquement abordés sous
l'angle du machisme, de la violence, de l'affrontement ...
Il n'est (presque) question que de survie individuelle, de désarroi.
Il laisse un drôle de sentiment ce film. Il ne révèle
rien, il ne démontre rien.
Il est un regard partiel (partial ? ... non, je crois que Depardon est
intègre et sincère ; j'ai cette image et des souvenirs tellement
émus de son travail).
Il est un regard triste et vain.
Thierry D. le 8 mai 2016
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