Janvier 2008

 

La Guerre selon Charlie Wilson
Mike Nichols

 

Incroyable, trois anticommunistes décident d’armer la résistance afghane et provoquent la défaite de L’Armée rouge.
Très bien interprétée, basée sur des faits réels, cette comédie pas toujours facile à comprendre sur les travers de la politique américaine hésite entre la satire et le drame politique. Ça devient une comédie humaine piquante et enlevée.
Une fin heureuse : Il faut voir… dit le maître zen.

Dominique P.

 

 

 

And he shall purify the sons of Levi…
En sortant de « la guerre selon Charlie Wilson », nous avions le sentiment d’avoir comme un arrière-goût bizarre. Basé sur une histoire vraie, le film narre comment un député américain de base, habituellement plutôt porté sur l’alcool et les jolies filles, va changer la face du monde en réussissant à faire financer la résistance afghane dans les années 1980 et à causer ainsi à l’URSS des dommages qui conduiront plus tard à la chute du Mur de Berlin…
L’histoire est bien racontée, les stars (Tom Hanks, Julia Roberts, Philip Seymour Hoffman) sont parfaites, le mélange de petite et de grande histoire habile. Même si le discours général est assez politiquement correct (il n’y a des méchants que chez les soviétiques, et il y a des cœurs purs chez les américains, chez les musulmans et chez les juifs…), il y a tout de même suffisamment de scène cocasses pour accepter la présentation un peu « américanisée » du film.
Mais il y a une scène qui, plusieurs jours après, continue à me mettre mal à l’aise.
L’un des enjeux du financement de la guerre est de permettre aux moudjahidin de descendre les hélicoptères russes. Après maintes tractations, des armes sont livrées. Lorsque le premier hélicoptère est « enfin » abattu, toutes les enceintes dolby stereo du cinéma se mettent à cracher un extrait du Messie de Haendel. Pendant quelques minutes, ce ne sont qu’hélicoptères ou avions explosant (avec décomptes des pertes soviétiques) sur un chœur joyeux et entraînant. Et que dit ce chœur ? « And he shall purify the sons of Levi ».
Et là, je dois avouer que je ne comprends toujours pas ce qu’a voulu dire le réalisateur.
Pourquoi choisir le Messie, œuvre si « éminemment chrétienne » pour illustrer le combat de pachtounes musulmans contre des soviétiques communistes ? Pourquoi faire dire aux personnages du film que la religion n’a rien à voir dans cette affaire et choisir un texte où il est question du Dieu purificateur des pécheurs ? Pourquoi inciter au rapprochement des peuples contre les barbares soviétiques et choisir un texte d’un prophète de l’Ancien Testament, connu (entre autres) pour sa vigoureuse condamnation des mariages mixtes ? Et pourquoi nous inciter à nous réjouir de tous ces hélicoptères qui explosent ? (tout de même pilotés par des hommes vivant sous une dictature et qui n’ont pas eu vraiment le choix d’être là)
Je n’ai pas la réponse, mais j’ai le sentiment que l’idéologie du combat entre le « bien » et le « mal » et celle de la supériorité des valeurs chrétiennes n’ont pas terminé d’influencer nos amis américains…

Philippe L.