Mars 2018
Après l’ombre
Stéphane
Mercurio
Un documentaire très
fort. Sur la prison et sur le théâtre.
Un metteur en scène travaille avec 4 anciens détenus ayant
tous subi de longues peines et la compagne de l’un d’entre
eux.
Il s’agit donc d’une succession de témoignages sur
la prison, son fonctionnement, sa violence ; sur le manque de lumière,
de sexualité, de toucher ; sur le temps qui s’égrène
différemment ; sur le quotidien ; les deuils impossibles ; les
souffrances physiques et psychologiques, …
Des témoignages d’une immense dignité. Terriblement
humains et universels.
Mais le propos du film est aussi la mise en scène de ces témoignages.
Car c’est bien la préparation d’une pièce de
théâtre qui est filmée.
Du coup, les ex-détenus racontent mais sont aussi confrontés
au regard du metteur en scène qui travaille, qui les interrompt,
qui organise les déplacements, qui fait de cette « matière
» éminemment sensible et douloureuse, un récit théâtralisé
et politique. On assiste aussi aux à-côtés, au quotidien
de cette « résidence », avec les repas, les interrogations
des uns et des autres, la confiance qui s’installe.
C’est vraiment fort. Des coups de poings sur le contenu des récits
; des émotions très intenses sur un sourire, des regards
échangés, une chanson …
Et puis, faut le souligner, le film est parfaitement bien construit et
réalisé. Justement parce qu’il articule avec subtilité
et empathie la force des témoignages, l’émotion des
ex-détenus, le travail du metteur en scène et le quotidien
de tout ce petit monde qui s’apprivoise ; chacun s’enrichissant
des autres et de cette expérience.
Un film dont on ressort plus riche.
Thierry D., le 1er mai 2018
|
|