La Zona, propriété privée **

Rodrigo Pla

L'histoire

Mexico. Trois adolescents des quartiers pauvres pénètrent dans l'enceinte de La Zona, une cité résidentielle aisée, entourée de murs et protégée par un service de sécurité privé. Ils s'introduisent dans une des maisons, mais le cambriolage tourne mal.

Avec

Daniel Gimenez Cacho, Maribel Verdu, Carlos Bardem, Daniel Tovar, Alan Chavez, Mario Zaragoza

Sorti

le 26 mars 2008

La fiche allociné

 

 

 

La critique d'al 1
Paradis carcéral

Comme pour le cinéma roumain, on ne peut pas proprement parler d’école de cinéma mexicaine, mais on ne peut que constater les points communs de trois réalisateurs issus de ce pays : Inarritu, Cuaron, et le petit dernier, Rodrigo Pla. Virtuosité dans la façon de raconter une histoire, utilisation de la lumière grise, art d’appuyer là où le monde va mal, sans oublier un formidable sens du spectacle : ces trois metteurs en scène sont des artistes, et les Américains l’ont bien compris, en faisant les yeux doux aux deux premiers. Il y a fort à parier que l’auteur de "la Zona" se retrouve lui aussi un jour aux commandes d’une production hollywoodienne.
C’est une sorte de film choral, avec une dizaine de personnages vivant au sein d’une résidence privée ultra-protégée, réagissant chacun à leur façon à l’intrusion de trois jeunes venus de l’extérieur presque par hasard. Anticipation pure, ou dénonciation de ce qui se fait déjà aux Etats-Unis, ou bien encore parabole de l’accueil des immigrants, qu’importe, car quelque soit la vision du spectateur, celui-ci est happé dès le début par ce thriller sans temps mort, d’une très grande force narrative, hallucinant de froideur et d’absence de pathos. Tous les personnages sont intéressants, absolument pas figés, tout le contraire de clichés. La zone résidentielle, elle-même personnage à part entière, est filmée de façon très ambiguë, parfois paradis, parfois prison. L’inexorable déroulement de l’histoire fascine, glace, enserre le spectateur malgré la multiplicité des points de vue. Le film fait peur, car il n’est jamais théorique, les situations sont vécues par les personnages comme s’ils étaient réels, pas tout à fait comme on pourrait s’y attendre, toujours avec une part d’incertitude sur ce qui se passera après, comme dans la vraie vie…
Bien sûr, le fond est particulièrement grave, malheureusement clairvoyant sur l’évolution de nos sociétés de plus en plus cloisonnées socialement, mais l’évolution du personnage du fils du chef de la communauté peut représenter comme une porte de sortie. En cela, le film n’est pas totalement pessimiste. Cette échappatoire potentielle, cette raison d’espérer, c’est aussi une marque de fabrique des trois réalisateurs mexicains, travaillant dans le sombre mais offrant le plus souvent la possibilité d’un jour de clarté, ce qui n’est pas le cas pour les films roumains récents.

 

 

 

 

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