Jason Reitman a sa petite cuisine
bien personnelle, avec ses personnages bien repérables, bien
décalés par rapport au milieu social dans lequel ils
évoluent, par leur discours ou leur attitude. Les saveurs
développées se situent entre les frères Farrelly,
pour l'aspect légèrement provocateur, et bon nombre
de films indépendants décrivant sans concession les
valeurs américaines ayant trait à la famille, aux
convenances, à la vie quotidienne dans les petites villes…
(dit-on aussi "province" aux Etats-Unis ?)
Mais cette petite cuisine est toujours un peu fade, manquant soit
de douceur et de tolérance envers les protagonistes, soit
trop peu pimentée, avec un défaut de rythme, d'énergie,
de pétillant. On a parfois envie de sourire, ou de ricaner
un peu bêtement : on nous montre un personnage qui a du mépris
pour les autres mais il est bien entendu (il faut "lire"
entre les images) que c'est celle qui méprise dont il faut
se moquer. C'est un peu facile, et l'empathie inévitable
que l'on finit par ressentir pour celle qui sait se montrer vraiment
désagréable est assez prévisible, on a déjà
vu cela de nombreuses fois, et souvent mieux traité : la
mise en scène est celle d'un téléfilm, sans
aucune imagination, sans poésie, sans charme.