C’est presque un film choral,
avec une poignée de personnages reliés les uns aux autres
sans toujours le savoir, les uns par la filiation, les autres par
l’amour de la même personne…
Le récit produit au début un sentiment de confusion
légère qui se dissipe assez vite, la structure restant
plutôt classique, sans audaces, sans distorsions, sans ellipses
particulièrement troublantes. Et c’est sans doute ce
traitement un peu lisse qui rend l’ensemble du film comme en
deçà de son histoire. Il y avait de quoi en faire un
grand mélo à tiroirs, une sorte d’Almodovar à
la française. C’est peut-être la présence
de Marisa Paredes qui fait probablement penser au metteur en scène
espagnol, mais pas seulement : le personnage qui relie tous les autres
garde une grande part de son mystère et de ses préférences
sexuelles (en a-t-il, d’ailleurs ? en cela il est très
almodovarien), les milieux dans lesquels évoluent les protagonistes,
exposés au public, ont aussi été dépeints,
dans "Kika", "Tout sur ma mère" ou "Parle
avec elle", pour ne parler que de ceux-là.
Les acteurs ont une certaine sobriété (Géraldine
Pailhas de plus en plus intéressante de film en film…)
et pourtant arrachent des émotions, peut-être un peu
faciles au vu des situations, mais réelles.
Mais cette retenue, dans le jeu et dans la mise en scène, vient
poser sur le film une sorte de voile trop pudique, d’où
la passion est comme étrangement absente. On aurait aimé
des cris de désespoir ou de joie, un déchirement, une
exaltation. L’histoire permettait tout cela mais Thierry Klifa,
sans doute par peur de se faire accuser de surenchère et de
pathos, a laissé la sourdine sur le mélo.