Paul Dano, acteur au jeu singulier,
polymorphe, capable de beaucoup d'ambiguïté, signe un
premier film en tant que metteur en scène. La critique se
pâme, et attend avec beaucoup d'impatience sa prochaine réalisation.
C'est un peu cela le souci : comme si cette première œuvre
n'était qu'une promesse, et pas tout à fait une réussite
en soi. Les quatre acteurs sont très justes, donnent beaucoup
de crédibilité à leurs personnages mais tout
paraît très maîtrisé autour d'eux, sans
beaucoup de surprise, un peu trop calibré. C'est très
élégant, léché, précis, sensible,
contrasté, mais quelque chose dans la mise en scène
fait qu'il y a comme un manque de vie. La reconstitution des années
60 dans une petite ville de province au fin fond des Etats Unis
est parfaite (enfin, on l'imagine ainsi), trop sans doute : les
voitures, les costumes, les intérieurs semblent tout droits
sortis d'un musée. Peut-être Paul Dano a-t-il fait
preuve de trop de modestie en adaptant sagement un roman qu'on ne
suppose pas être révolutionnaire. Faisons donc comme
tout le monde, attendons le prochain film de l'acteur, mais de quel
côté de la caméra ?