1700 km à pied, ça
use, ça use, 1700 kilomètres à pied, ça
use les souliers…
Le début du film fait craindre le pire, avec de très
attendus allers et retours entre la randonnée de Cheryl et
sa vie d'avant. C'est faussement déstabilisant, c'est en
réalité la mise en scène en fauteuil confortable
d'un calvaire physique et moral. Tout y est, bien en ordre, les
rencontres, bonnes ou mauvaises, la lente adaptation de l'héroïne
aux conditions difficiles de sa marche forcée, les quelques
petits ravissements qui jalonnent le périple, les paysages
grandioses, les petites peurs et toutes ces sortes de choses auxquelles
on s'attend dans ce type de récit (mais qu'il est long, le
gag du sac à dos trop lourd, mais qu'il est lourd, le coup
du réchaud qui ne fonctionne pas…), et puis en parallèle,
la description du personnage et ce qui l'a amené à
partir sur les chemins, la vie de couple pas vraiment épanouissante,
la relation avec la mère, ah oui bien sûr la mère…
Tout cela devrait plonger le spectateur dans une attente de la suite,
dans une inquiétude, dans une empathie avec Cheryl…
Et puis non, rien de tout ça. La mise en scène et
le montage, trop classiques, ne parviennent pas à surprendre.
Ce n'est qu'à la moitié du film, peut-être à
cause de l'accoutumance, que le récit finit par prendre,
comme une sauce sauvée par miracle. Reese Witherspoon devient
enfin Cheryl, et non plus une actrice qui cherche un oscar, on finit
par ne plus penser aux techniciens qui doivent l'entourer alors
qu'elle tente de faire croire qu'elle est seule avec son sac à
dos. Difficile de dire à quel moment les émotions
viennent supplanter la carence de surprises, mais effectivement,
la rencontre du petit garçon avec sa grand-mère ne
manque pas de piquant et la réaction de Cheryl juste après,
filmée de dos et pas de tout près, a quelque chose
de profond, d'enfin vrai. L'apparition récurrente d'un renard
apporte une légère part de mystère, discret
hommage à Saint Exupéry ou à Miyazaki ? Tout
finit par émouvoir, la petite larme est de rigueur, le début
laborieux est (presque) oublié.