Si vous tenez
absolument à aller voir White God, ne lisez pas ce qui suit…
Attendez d'en être revenu ! Sauf si vous tenez à ne
pas perdre votre temps au cinéma.
White God, ou comment se faire avoir par une bande annonce formidable,
qui montre les deux seules scènes impressionnantes du film…
On s'attend à un récit de fin du Monde, où
les chiens –et pourquoi pas, d'autres animaux avec eux- auraient
pris le pouvoir, ou bien, plus modestement une période dans
la vie d'une ville où la folie des Hommes aurait conduit
à la perte du contrôle de leurs amis canins, ceux-ci
chassant toute la population, jusqu'à ce qu'une adolescente
en vélo avec une trompette dans son sac n'obtienne une sorte
de paix… Il s'agit d'à peu près cela, effectivement.
Mais les chiens sont une simple meute de quelques centaines, rien
de véritablement terrifiant, échappés d'une
fourrière et croquant de temps en temps un quidam n'ayant
pas écouté la radio disant de rester chez soi pendant
quelques heures… Bien sûr, la jeune fille en jupe plissée
et socquettes blanches, avec un beau coup de trompette, ramènera
son cher toutou à la raison et à la paix sociale,
lequel toutou ayant pris la tête de la meute après
quelques péripéties sans beaucoup d'intérêt,
éteindra par son calme revenu, la révolte de tous
les chiens réunis.
J'oubliais… avant cela, le récit montre la séparation
entre l'adolescente et son chien, puis leurs destinées solitaires
en parallèle, et cela dure plus d'une heure. Plus d'une heure
d'ennui, sans rythme, sans que l'on puisse s'attacher ni à
la jeune fille qui fait la tronche, ni au chien qui geint puis apprend
à être méchant.
"Dans la lignée des oiseaux d'Hitchcock…"
! rarement une publicité n'aura été aussi mensongère,
puisqu'ici, le point de vue (!) des canidés est largement
exposé, et leur colère n'a rien de mystérieux,
au contraire de celle des oiseaux dans le film du maître du
suspense, suspense ici cruellement absent.
Allégorie politique, dénonciatrice d'un régime
répressif ? Si c'est effectivement cela, les ficelles sont
énormes, grossières, et n'ont finalement aucun poids.
On ne ressent rien de tout cela côté humain, juste
une société grisâtre, ennuyeuse, où même
le fait de jouer de la musique ne donne aucun plaisir.
Et pour faire s'apitoyer le spectateur sur les misères que
l'on fait subir aux chiens, il y a de quoi rester dubitatif, surtout
si l'on a encore en mémoire les scènes vraiment impressionnantes
des combats de chiens dans le film d'Inarritu "Amours chiennes",
auquel ce White God fait parfois très vaguement penser.
Allez, passez votre chemin, vous avez sans doute mieux à
faire, ou contentez-vous de la bande annonce et imaginez tout seul
le reste, ce que cela aurait pu être.