Sous des apparences de légèreté
et d’insouciance même dans les instants un peu plus graves,
le film révèle, quelques heures après sa vision,
une bonne dose de cruauté et de fatalisme, "Whatever works
(le tout c’est que ça marche)" et les sentiments
ne sont que passagers. Ce ne serait alors qu’une façon
divertissante de décliner le postulat sur le temps et l’amour…
avec le temps, tout s’en va. Un a priori, mais tellement réel…
La photo finale, le bonheur retrouvé pour chacun est à
prendre soit comme un instantané précaire prêt
à s’écrouler, ou bien comme un aboutissement écrit
d’avance, une somme de clichés où en fin de compte
les torchons et les serviettes restent à leur place respective,
et si chacun fait ce pourquoi il est là, le troupeau sera bien
gardé : le tout, c’est que ça marche.
Woody Allen, en rentrant enfin chez lui, en reprenant pied à
New York, avec ses lieux communs, sa lumière chaude, ses personnages
presque habituels, semble retrouver une inspiration perdue en Europe
(exception faite de Match Point, son chef d’œuvre). Sans
être une grande cuvée, ce Whatever works parvient à
divertir, à faire rire, à surprendre, à nous
agacer aussi : la misanthropie et le mépris affichés
du personnage principal sont peut être un peu "too much",
comme les mouvements perpétuels de Evan Rachel Wood, trop godiche
pour être vraie. Mais qu’importe, si l’on se laisse
porter par la musique sirupeuse, par la beauté délicieuse
de l’actrice principale qui ne cesse de croître au cours
du film, par la façon dont Woody Allen joue avec les poncifs
sur l’amour et les choix de vie, on passe un bon moment, à
double détente une fois le film terminé.