Sally Hawkins est absolument délicieuse.
Son personnage n’est pas une potiche, pas une star, pas une
bombe, juste une femme souriante, émotive, jolie comme peut
l’être une femme vivante, n’ayant pas sa langue
dans la poche et qui, tout naturellement, pense que l’égalité
des salaires entre les hommes et les femmes serait une mesure juste
et salutaire. Et tout le monde est avec elle, les femmes bien sûr,
mais aussi les hommes, son mari, son fils, le responsable syndical
(qui n’est pas amoureux d’elle, ouf le cliché est
évité), puis les ouvriers, presque tous, et bientôt
le monde entier, en particulier les spectateurs du film. Pas tout
de suite, il y a quand même quelques anicroches à cette
belle unanimité, il faut faire durer le suspense et pimenter
le récit, mais on sait de toutes façons comment la lutte
va finir. Tout cela est finalement assez charmant, formidablement
divertissant, et juste avant le générique de fin, on
apprend que la loi d’égalité des salaires a été
votée en Angleterre à la suite de ce mouvement datant
de 1968, et que cela a entraîné tout un tas de mesures
similaires dans le monde entier. Ce qui est oublié, et dans
les grandes largeurs, c’est qu’en dépit des lois
votées, la différence de salaire existe encore, et cela
dans nombre de pays dits civilisés…
Le récit a les apparences d’un conte coloré, esquivant
au passage quelques réalités de la condition ouvrière.
On peut se dire que tout cela, ce n’est finalement que du cinéma,
et que l’on a le droit de se divertir même avec l’histoire
sociale, et le film parvient à faire rire, à émouvoir,
à donner du plaisir aux spectateurs. On peut se dire aussi
que ce n’est pas servir la cause des femmes que de transformer
leur lutte en (presque) comédie musicale.