Ben Stiller est agaçant.
Le genre de type sans doute très doué, plein d'idées
et d'énergie, pouvant se montrer très drôle
avec peu d'effets, aussi bien en tant qu'acteur qu'en temps que
metteur en scène. Une sorte de Podalydès américain...
mais qui a la faculté de gâcher toutes ses qualités
en jouant dans quelques inepties sans finesse. Ses films sont le
reflet de son talent mais aussi de cette tendance à céder
à la facilité.
Walter Mitty a des aspects flamboyants, allant chercher du côté
des comédies américaines à la Capra, en y rajoutant
un souffle épique tout en gardant un second degré
salutaire. Il y a des scènes formidables, qui font vraiment
rire, qui épatent, qui pourraient émouvoir. Malgré
cela, le film dans son ensemble reste non pas au ras des pâquerettes,
mais au ras d'une morale convenue et un peu facile : il faut savoir
céder à ses rêves, donner des moyens à
ses ambitions, parvenir à lâcher la bride, etc.
Le matraquage publicitaire ayant précédé la
sortie du film a éventé bon nombre de surprises, on
a trop vu le personnage dans les bandes annonces sauter dans un
immeuble, dans un hélicoptère, dans l'océan...
Trop d'événements sont attendus, pas seulement parce
qu'on les a déjà vus, mais aussi parce que le scénario
est beaucoup trop prévisible. C'est du cinéma confortable,
qui ne remue pas grand-chose, malgré toutes les bonnes intentions.
Les paysages sont magnifiques, les personnages que rencontrent Walter
n'existent pas comme cela dans la vraie vie, il y a un aspect cartoon
assumé, tendance Walt Disney, là où attendait
du Tex Avery, c'est à dire bien plus délirant, plus
iconoclaste, moins respectueux des conventions.
Walter Mitty fait tout de même passer quelques bons moments,
il ne faut pas faire la fine bouche mais on a la sensation que cela
aurait pu être encore tellement mieux...