Le duo mal assorti, vieille ficelle
pour histoires en manque d’inspiration, vient au secours de
cette chronique new-yorkaise des années 90. L’idée
d’associer un jeune dealer coincé et sans charisme avec
un psychanalyste d’âge mûr mais n’étant
pas encore véritablement sorti de l’adolescence, n’est
pas, en soi, un si mauvais départ : l’échange,
le troc –une dose contre une séance- est plutôt
assez drôle et donne le prétexte de réunir deux
personnages inhabituels. Le dealer trop sage et le psy infantile,
voici deux beaux contre-pieds des clichés habituels des films
américains, même indépendants.
D’où vient alors, malgré ces bases appétissantes,
le léger ennui qui s’installe durablement, à peine
dissipé par l’apparition de la très jolie Olivia
Thirlby ? Il manque cruellement une ligne directrice, un enjeu, des
ruptures, en bref tout ce qui fait un récit. On entrevoit pendant
une demi-heure une agréable éducation sentimentale (et
même plus), plutôt bien vue, entre romantisme léger
et comédie mélancolique. Mais on subit aussi les pitreries
de Ben Kingsley (qui dans le film ressemble furieusement à
Harvey Keitel), sans limites dans le rôle du cinquantenaire
voulant rattraper sa jeunesse perdue. Les quelques péripéties
et autres micro événements n’ont pas grand intérêt,
et de l’originalité prétendue des personnages,
il ne reste pas grand chose, quelques jolies scènes peut-être
mais surtout l’impression que le réalisateur a voulu
parler d’une expérience, d’une partie de sa propre
vie, sans parvenir à communiquer une quelconque nostalgie.