Ah, que voilà un joli scénario
! Du Marivaux moderne (je t’aime et jamais je ne te le dirai)
avec une bien jolie leçon pour faire les choses (de l’amour)
de la façon la plus compliquée qui soit parce que la
simplicité n’a aucun charme. On en rajoute donc dans
les malentendus, les quiproquos, les mensonges. C’est de la
comédie française particulièrement bien écrite,
et interprétée à la perfection par trois comédiens
qui ne sont pas des boute-en-train et qui sont capables d’exprimer
des émotions complexes au travers de répliques ou de
situations loufoques. Ainsi, Audrey Tautou est tour à tour
parfaitement ingénue, diablesse manipulatrice, en proie aux
doutes les plus terribles, névrosée de l’autorité…
Les seconds rôles apportent aussi de fort jolies couleurs, comme
la délicieuse, désarmante et drôlissime Judith
Chemla, en timide maladive, déboussolée, au visage extraordinairement
expressif.
Tout cela est clairement du cinéma de divertissement, sans
prétention d’une quelconque vérité, et
si les situations sont touchantes, c’est bien par le biais de
la comédie, du dialogue presque théâtral.
Malheureusement, la mise en scène ne se hisse pas à
la hauteur de l’énergie des acteurs et des potentialités
du scénario. Le cruel manque de rythme se rajoute à
un montage poussif, sans contraste, les cadrages n’apportent
rien et semblent tellement plats qu’ils gâchent tout de
même une partie du plaisir : les champs contre-champ systématiques
pour les dialogues à deux, c’est absolument sans poésie,
sans imagination… Le tout est éclairé comme dans
un épisode d’une série française de bord
de mer, et l’on ne dira rien de la bande son, par respect pour
ce que la musique peut parfois apporter au cinéma (euh…
pas là, non, vraiment).
Au final, selon son humeur et sa propre tolérance, on ne retiendra
que l’intelligence du scénario et le talent des comédiens
ou bien on se laissera envahir par l’agacement dû à
l’inanité de la mise en scène.