Ça commence comme du Blier,
la situation, la teneur des dialogues, même la façon
dont sont dirigés les acteurs, tout fait penser à Blier.
Et puis une fille qui a laissé son homme, qui s’en va
avec deux garçons sur les routes, c’est un peu comme
"les valseuses", non ? Et Gilles Cohen, l’amant éconduit,
a de la folie et de l’ambiguïté dans son jeu, exactement
à la manière d’un acteur guidé par Blier.
Malheureusement, il n’est qu’un personnage secondaire.
Le trio majeur composé des trois petits jeunes n’a que
bien peu d’intérêt. Les personnages n’ont
pas de personnalité, la relation entre les deux frères
ne souffre d’aucune ombre, même lorsque la jeune femme
leur propose l’amour chacun leur tour. Elle-même est charmante,
gentille, jolie, souriante… et très fade. Elle mène
la danse, mais sans à-coups, avec un rythme bien sage. Et lorsque
enfin, elle leur avoue son désir de quelque chose d’un
peu plus piquant, cela n’ira bien sûr pas au bout. (aux
bouts ?)
Il y a une petite liberté dans la façon de filmer, quelques
flous, une façon de prendre son temps plutôt bienvenue,
mais le récit s’appuie sur un scénario quasi-inexistant
et les dialogues qui faisaient, au début, penser à Blier,
sombrent par la suite dans l’inconsistance et on en vient presque
à s’ennuyer malgré le côté très
décoratif des trois jeunes acteurs.
