Au vu des images en noir et blanc
des discours de Mussolini, on peut se demander si ce sont de véritables
images d’archives, ou bien des reconstitutions, tant le personnage
est caricatural, son phrasé emphatiquement ridicule, la cohérence
du propos particulièrement ténue. Mais non, il ne s’agit
pas de fiction, ce sont des prises de vue (et de son) tout ce qu’il
y a de plus réel. Cela dit, le clown sinistre actuellement
chef du gouvernement italien n’est pas moins inquiétant,
et plus près de nous, citoyens français, on pourrait
se poser quelques questions à propos de la dangerosité
d’avoir un fou furieux comme président…
Le propos est bien plus large dans ce film de Bellochio, qui renoue
avec la tradition des grandes fresques italiennes, mêlant l’Histoire
du pays avec les destins personnels de quelques personnages bien choisis.
On peut voir dans le destin de cette femme amoureuse rejetée
jusqu’au néant une allégorie de tous ceux et de
toutes celles qui se sont sentis trahis au plus profond d’eux-mêmes.
Trahison politique, sentimentale ou morale, qu’importe, le film
traite de tout cela. Vaste programme, dans lequel il se perd parfois,
risquant la confusion et l’éparpillement. Des séquences
poétiques, inspirées, visuellement splendides ne sauvent
pas toujours le récit qui souffre d’une complexité
pas toujours bien maîtrisée. On voudrait s’intéresser
d’avantage à cette femme (jouée avec conviction
par Giovanna Mezzogiorno, aux yeux renversants) meurtrie, piétinée
par les bottes de l’Histoire, réduite à l’état
de folle parce que son choix de clamer la vérité la
condamne. Mais le poids du temps qui passe, avec d’incessants
retours vers la réalité politique, empêche de
s’attacher complètement au personnage qui peine à
trouver une universalité.
Au final, on ne ressent pas l’émotion énorme que
le sujet pourrait engendrer, la longueur fait même que parfois,
l’ennui est palpable…