Isabelle Huppert a une telle présence
qu’elle devient parfois l’unique sujet des films dans
lesquels elle joue, ou ne joue pas, d’ailleurs : elle peut donner
l’impression d’un immense ennui (et nous le faire partager,
au passage) ou d’une passion intense avec un quart de battement
de cil, avec une moue calculée, avec une respiration retenue…
Benoît Jacquot met en scène l’actrice plus qu’un
véritable personnage, auquel il ne parvient pas à donner
vie, car ce qui peut lui arriver nous indiffère totalement.
Lors de ses pérégrinations, elle pourrait se faire renverser
par un camion, se noyer ou se faire étrangler, qu’importe,
il n’y a aucune émotion, c’est du cinéma
théorique complètement désincarné, alignant
les micro événements sans intérêt. Les
personnages secondaires (et avec l’omniprésence d’Isabelle
Huppert, ils ne peuvent être que secondaires) n’apportent
pas grand-chose, ni pour la globalité du récit, ni à
l’intérieur même des scènes.
A l’issue du film, on peut se demander si Isabelle Huppert n’est
pas en train de se momifier et si Jacquot fera un jour un film de
chair et de sentiments.