La vie d'Adèle

Abdellatif Kechiche

L'histoire

La vie d'Adèle, lycéenne, bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune femme aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir le désir et lui permettra de s’affirmer en tant que femme et adulte. Face au regard des autres Adèle grandit, se cherche, se perd, se trouve...

Avec

Léa Seydoux, Adèle Exarchopoulos

Sorti

le 9 octobre 2013


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Adèle est amoureuse.
Oui, et alors ?

 

Alors c’est donc ça, cette splendeur annoncée, cette triple palme d’or, cette œuvre au parfum de scandale et de polémique ? On y retrouve, bien sûr, la patte de Kechiche dans la performance des actrices d’un naturel troublant, dans la longueur des scènes pour installer les atmosphères et donner du sens aux petits riens de la vie quotidienne, et dans le jeu sur la langue et les accents, avec des correspondances entre la littérature (Marivaux encore, comme dans "L’esquive") et le réel.
Léa Seydoux et, plus encore, Adèle Exarchopoulos sont étonnantes, se donnant corps et âmes, montrant des émotions et des actes qui relèvent bien plus du registre d’un intime très personnel que de celui de la fiction. A ce propos, on peut comprendre que les actrices n’en soient pas sorties indemnes et qu’elles en veuillent au réalisateur pour tout ce qu’il leur a demandé. Tout cela est mis au service d’une simple histoire d’amour avec ses passages obligés, la rencontre, la séduction, le bonheur, le doute, la rupture, le chagrin, l’irrésolution… et tous ses ornements, rêves, plaisirs, extases, trahisons, mensonges, désespoirs et autres délices, forcément démesurés.
Au bout du compte, la question de la nécessité de la longueur (3 heures !) est légitime, au regard du scénario, simple pour ne pas dire simpliste. D’autant plus que le réalisateur ne profite pas du temps mis à sa disposition pour nous faire sentir les années qui passent.
Les scènes de sexe crues, très crues, entre les deux actrices sont-elles également indispensables ? Leur traitement frontal et quasi clinique n’apporte rien de fondamental au récit. Et si elles ne sont là que pour créer de l’excitation, il y a une erreur profonde de registre…
Kechiche ne fait pas du cinéma pop corn, il provoque, bouscule, cherche à stimuler les sens. Mais dans "La graine et le mulet", les enjeux étaient autrement plus intéressants et plus variés qu’ici, où finalement, il y a davantage d’émotion dans les scènes de classe au lycée que dans celles qui montrent les rapports entre les deux personnages.
D’autres questions peuvent se poser aussi : si à la place des deux filles le récit avait réuni un homme et une femme, le film aurait-il eu autant de retentissement ? Comment se positionne Kechiche par rapport aux amours homosexuelles ? L’incompréhension et le rejet de la part de quelques uns des personnages secondaires ne sont pas traités comme des sujets à part entière, ce sont juste des données ou des effets à prendre en considération, parmi d’autres.
Certains parlent de chef d’œuvre, d’autres crient à la supercherie et assurent que ce sont trois heures d’ennui. Sans être ni l’un ni l’autre, "la vie d’Adèle" pourrait simplement ressembler à une chronique un peu longue mais plutôt bien vue d’une histoire d’amour somme toute assez semblable à des millions d’autres.

Vos commentaires pour ce film

La vie d'Adèle c'est un peu la vie en bleu, j'ai préféré la vie en rouge portée par "La graine et le mulet".
Adèle est émouvante dans son parcours initiatique. Les personnages sont filmés à 2 cm mais ça n'est pas oppressant. J'ai aimé ce film, en partie parce que j'ai retrouvé des thèmes et des ressemblances avec d'autres films de Kechiche. Toutefois je trouve que certaines situations sont caricaturales (notamment la manière d'opposer les instit et les artistes).


Irène D, le 18 octobre 2013

 

Le film s'appelle la vie d'Adèle ce n'est pas pour rien, on est tout le temps avec elle, toujours en gros plans, Adèle sans fard sans maquillage, sa bouche pulpeuse, ses petites mimiques, ses regards, ses faiblesses, Adèle dîne avec ses parents, Adèle en voiture, Adèle à l’école, Adèle dans la rue, Adèle observe autour d’elle, Adèle pleure, Adèle vit, Adèle porte le film sur ses épaules.
Adèle (Exarchopoulos) délivre une prestation juste et touchante.
Emma (Léa Seydoux) artiste dure et plus mature brille.
Il manque quelques passages au déroulement de l'histoire, surtout dans les transitions de sa vie. Vous pouvez trouver ce film bien, je pourrai comprendre mais de là à le considérer comme chef-d’œuvre… C’est avant tout une histoire d’amour qui se finit, mais ce n’est pas triste, la vie continue.

Dominique P, le 24 octobre 2013


Tu as raison, Al1, il n'y a pas autant de "matière à réfléchir" que dans la Graine et le Mulet. Ce n'est qu'une histoire d'amour ! mais une belle histoire d'amour.
J'adore la manière dont tout est délayé, disséqué ... les gros plans, les scènes qui durent longtemps, les nez qui coulent, les bouches qui mangent et qui embrassent et qui se tordent de douleur ou de rire ...
On est avec elles pendant 3 heures. Ça ne m'a pas paru long et je crois que c'est justement cette proximité qui préserve le film de l'impudeur. Les scènes de sexe, par exemple seraient plus impudiques, me semble-t-il, si elles étaient traitées vite, si le spectateur était mis en situation de voyeur, entre deux portes ... Là, c'est autre chose, elles sont dans la vie. On est dans la vie de ces 2 filles pendant 3 heures ...
Et vraiment, Adèle Exarchopoulos est incroyable de vie et d'émotion. Vivement son prochain film ...


Thierry D, le 11 novembre 2013


 

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